La lecture des compte-rendus montre que l'on parle souvent du colonel Rwagafilita1 en toile de fond du génocide, dans la commune de Kabarondo.
Dans ce procès la défense essaye aussi de mettre en exergue "les crimes du FPR" agités comme alibis dérisoires du génocide.
Concernant le contexte de ces événements et le rôle des Bourgmestres dans la hiérarchie rwandaise de 1994 on peut aussi se reporter au site universitaire hypothèse.org. Il serait toutefois fort utile de compléter ces informations sur les procès très parcellaires du TPIR en considérant aussi les informations sur les jugements des Bourgmestres dans les quelques douze-mille gacaca qui se sont tenues pour juger le génocide au Rwanda :
En ce qui concerne le colonel Rwagafilita la défense, dans ce
procès cherche à minimiser son rôle et son influence sur les
accusés. Son extrémisme est sans équivoque si on
lit le rapport des députés français. Le général Varret
de l'armée française, lors de son audition par la mission
d'information parlementaire française, rapporta les
propos du colonel Rwagafilita, qui était alors chef
d'etat-major-adjoint de la gendarmerie rwandaise, en 1990
à son arrivée au Rwanda 1 :
"Ils [les Tutsi] sont très peu nombreux, nous allons
les liquider".
Propos cités entre guillemets page 292 de la version PDF du rapport
R1271 de l'Assemblée nationale française.
Le FPR a combattu le génocide en mettant en déroute le gouvernement génocidaire du Rwanda, malgré son allié français très actif et donc complice. De ce fait le FPR a conduit la seule armée qui a répondu aux exigences de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par les nations-unies en 1948 à Paris.
Mais il faut bien comprendre que le génocide s'est surajouté à la guerre.
Comme toute armée en guerre, le FPR a commis des bavures et des représailles sommaires entre 1990 et 1995 au Rwanda en même temps que les forces armées rwandaises qu'il combattait. Ces morts dus à une guerre sont pour la plupart des crimes de guerre dans la mesure où toute guerre est criminelle. Il est raisonnable de penser que, sans la discipline imposée par Kagame, les représailles contre les génocidaires auraient pu être dévastatrices. Cela n'a pas été le cas. On est resté dans la mauvaise mesure d'une guerre, étant entendu que dans cette guerre le FPR n'est à priori responsable que de 50 % de ces morts de guerre "normale" le reste étant du aux FAR.
Nous avons rassemblé quelques chiffres sur une page dédiée. Le rapport du nombre de morts entre ceux la guerre et ceux du génocide est de l'ordre de 1 à 20.
Un autre aspect des mises en cause du FPR est la politique du Rwanda conduite au Zaïre/RDC à partir de 1996 et donc après le génocide. Il est insensé de vouloir justifier le génocide par ce qui se serait passé après, à fortiori en déformant cet après.
Plusieurs rapports ont tenté de cerner cette politique. Le plus fameux est le "rapport mapping" de l'ONU publié en 2010 et qui analyse les guerres du Congo mettant en prise une dizaine de pays, dont le Rwanda, et qui se garde bien d'avancer le moindre chiffre concernant le nombre de morts en RDC, malgré les innombrables discours de propagandes qui prétendent ou insinuent le contraire, à commencer par ce qu'on a pu lire dans les grands journaux français, souvent prompt dans la passé à dédouaner la politique de la France au Rwanda. Nous avons étudié ce rapport et mis un lien de téléchargement sur cette page :
1 RwgafiLita s'écrit aussi RwagafiRita car les Rwandais
ont l'usage de considérer comme identiques les sons des
lettres R et L.
2 Le colonel Rwagafilita avait alors
pour chef d'état-major le Président de la République, Juvénal
Habyarimana, chef d'état-major de l'armée et de la gendarmerie.
Liste non exhaustive ...
Page spéciale CEC
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EC 8 avril 2014
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>>> Pour suivre le procès sur d'autres sites :
↪ Aller au dernier compte-rendu
FIDH - 30 avril 2018
J1 Procès en appel NGENZI/BARAHIRA. Mercredi 2 mai 2018. CPCR - 2 mai 2018
Jeune Afrique - 2 mai 2018
Ce procès aura battu en brèche le négationnisme du génocide des Tutsi, comme celui de Pascal Simbikangwa, ce que souligne à juste titre le communiqué de Survie.
Il est étrange de remarquer que c'est dans le pays occidental qui a le plus perfectionné le négationnisme du génocide des Tutsi que les décisions de justice apparaissent au fil du temps, certes avec beaucoup de retard, comme les plus incisives contre le refus d'admettre l'intention de génocide et le plan concerté dans le cas du génocide des Tutsi. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda n'est jamais allé aussi loin que la justice française... on peut même dire qu'il fut parfois particulièrement compréhensif avec de grands responsables du génocide, notamment parmi ceux qui furent côtoyés par des responsables français au Rwanda. On remarque encore dans ce procès, notamment dans le réquisitoire de l'avocat général, la mise à la poubelle de la théorie fumeuse du double génocide. Certains de nos beaux esprits iront quand même les ressortir des poubelles argumentaires !
Le manque d'intérêt très remarqué des médias français pour ce procès confirme malheureusement ce refus de remettre en cause ce négationnisme, quasi national, encore vivace, malgré de nombreux signes d'espoirs qui percent dans tous les recoins de la République française. Beaucoup de Français commencent à ouvrir les yeux, mais l'importance du problème reste marginale dans les priorités des consciences. Or, comme l'a souligné l'avocat général dans son brillant réquisitoire, il s'agissait d'un procès historique.
Toutefois, une note relativement dissonante apparaît : de toute évidence Pascal Simbikangwa fut probablement un plus gros "bonnet" du génocide, contrairement à ces deux bourgmestres qui furent des courroies de transmissions locales du gouvernement intérimaire soutenu par la France. Simbikangwa a "bénéficié" d'une décision plus légère que celle de Barahira et Ngenzi, pourtant justifiée en ce qui les concerne. Il se confirme donc que dans la sensibilité française le crime concret, la proximité de la tuerie, serait plus grave que l'implication pourtant essentielle et déterminante des donneurs d'ordre.Cela rappelle un des arguments français : "ce ne sont pas les soldats français qui tenaient les machettes"
Cette impression est renforcée quand on considère d'autres domaines de notre vie politique, économique et administrative, comme par exemple dans le cas du "populicide" vendéen (selon l'expression d'époque du révolutionnaire Gracchus Babeuf) ou sur un autre plan par exemple comme dans celui de l'affaire Kerviel. C'est un peu comme si, après avoir coupé les têtes du régime royal, la justice et l'opinion "républicaine" déniaient appliquer des sentences analogues pour les responsables de régimes prétendus républicains ou démocrates, pardonnant trop facilement de graves manquements sur le dos de boucs émissaires plus ou moins impliqués, voire injustement mis en cause comme dans le cas de l'affaire Dreyfus, à l'image d'un souverain de droit divin, par crainte, probablement... et comme le roi, de perdre les fondements de son autorité.
E.C. 8 juillet 2016
La curieuse «clause de conscience» d'une magistrate
Libération 5 mai 2016
Une démission rarissime qui éveille des soupçons sur le fonctionnement interne dans la préparation de ce procès. Elle demeure inexpliquée selon l'AFPCU, ce qui est encore plus rare. Il semble que des rumeurs aient porté le soupçon sur Philippe Courroye, avocat général, ce que l'association Survie, partie civile, refuse de cautionner.
J -1 : Électricité autour de la « clause de conscience » du procureur Aurélia Devos
AFPCU - 8 mai 2016
Survie - 20 juin 2016
"Dix jours avant l’ouverture du procès, [Aurélia Devos] a annoncé son désistement, invoquant, fait rarissime, la « clause de conscience ». Selon Libération (4/05), certains ont vu un lien entre cette décision et la nomination du médiatique Philippe Courroye comme avocat général dans ce procès, mettant en avant le fait que l’avocat de ce dernier est également celui des enfants du défunt président Habyarimana et de plusieurs Rwandais accusés de génocide. L’association Survie, qui est partie civile, refuse de cautionner ces soupçons à l’égard de M. Courroye."
Le procès du «génocide au village»
Libération 9 mai 2016
Cet excellent article
de Maria Malagardis pour qui veut comprendre ce procès et son
contexte, souffre toutefois d'un mal récurrent dans la presse,
notamment française : l'obstination simplificatrice à
entretenir l'idée que les "ethnies " rwandaises
correspondraient à des réalités. On parlait bien d'ethnies
Tutsi et Hutu... mais ce ne sont pas des ethnies au sens
scientifique du terme, mais des ratiocinations idéologiques
coloniales ayant instrumentalisé des groupes
socioprofessionnels existants en "races" d'abord, puis en
"ethnies" quand le terme fut mis à la mode en occident.
Pour faire bonne figure, quand ils parlent français ou
anglais, les Rwandais croient bien faire en utilisant ce
vocabulaire étranger... qui n'a pas d'équivalent en langue
rwandaise. Les Hutu et les Tutsi parlent tous la même langue
(le Kinyarwanda), vivent ensemble dans le pays, ont toujours
eu les mêmes pratiques religieuses, se marient entre eux, et
avant la colonisation pouvaient passer d'un groupe à l'autre
selon leurs possessions de vaches, sur lesquelles le mwami (le
roi) avait tout pouvoir. Aujourd'hui ces distinctions sont
devenues illégales, en tant que références politiques, par la
constitution rwandaise. Alors pourquoi ne pas le
rappeler au moins en note dans les articles ? E.C.
Procès rwandais : cherchez l'horreur
Libération 13 mai 2016
Rwanda: les regards croisés des rescapés de l'église de Kabarondo
Libération 8 juin 2016
Génocide rwandais: aux assises, le dernier cri des victimes
AFP/L;Express - 1 juillet 2016
Procès Rwanda : deux ex-bourgmestres condamnés pour génocide à la prison à vie
Libération - 6 juillet 2016
Génocide des Tutsi : Un pas supplémentaire vers la vérité et la justice
Survie - 6 juillet 2016
Rwanda : deux maires jugés en France condamnés pour génocide
Le Monde - 7 juillet 2016