Survie - publié sur le site le 3 octobre 2024 (rédigé le 28 mai 2024 pour Billets d'Afrique)
Denis Mukwege, réception de son prix Nobel, 2018
A quoi sert l'ONU (Rwanda-Darfour...)? (1)
par LiliTheKing
Les chiffres avancés par de nombreux Congolais, par Pierre Péan et la propagande militaire française et le Hutu power sont hypertrophiés. A propos de l'étude de deux experts démographes belges citée dans l'article il convient de noter ceci :
Afrikarabia - 19 janvier 2025
Christophe Rigaud fait une synthèse qui s'appuie sur le rapport de l'ONU sur la situation dans l'Est de la RDC.
Jessica Mwiza, dans le "Club de Médiapart"
Jessica Mwiza analyse le comportement politique du Docteur Mukwege qui s'avère très contestable par ses références à des négationnistes du génocide des Tutsi et un refus de prendre en considération la situation des Tutsi Congolais.
Quebec- Presse-toi à gauche - 27 août 2024
Un article fort intéressant et fouillé sur la situation en RDC qui mérite réflexion. Certains points appellent cependant une réflexion critique, notamment :
RFI - 31 juillet 2024
Cet accord semble confirmer le contrôle du M23 par le Rwanda. Mais une semaine plus tard le M23 ne tient pas compte de cet accord.
Le président congolais refuse de négocier directement avec le M23, mouvement rebelle congolais. Il veut probablement essayer de prouver que le M23 relèverait directement du Rwanda. Or, s'il est probable que le Rwanda soutienne le M23, il n'est pas certain qu'il en soit le commanditaire.
Les Tutsi congolais sont une réalité antérieure à la colonisation, mais amplifiée par la colonisation puis l'idéologie anti-Tutsi des républiques hutu du Rwanda qui, provoquèrent des exodes vers le Congo/Zaïre et débouchèrent sur le génocide des Tutsi en 1994. L'exportation de cette idéologie contre les Tutsi génère à nouveau, depuis 1994, des politiques ostracistes et des actes génocidaires en RDC. C'est, semble-t-il, la principale cause de l'existence du M23.
- 5 Aout 2024
"Dans le cadre de ce conflit qui oppose l’armée congolaise à la rébellion du M23, un accord de cessez-le-feu entre Kinshasa et Kigali, censé entrer en vigueur ce dimanche, avait été annoncé mardi par la médiation angolaise. Une source sécuritaire congolaise a confirmé la prise d’Ishasha par les rebelles et a précisé : « Les histoires de cessez-le-feu, c’est de la mascarade. » Le 1er août, l’Alliance Fleuve Congo, plateforme politico-militaire dont le M23 est la principale composante, avait déjà précisé dans un communiqué qu’elle n’était pas « automatiquement liée aux conclusions des réunions auxquelles elle n’a pas été conviée »."
Jeune Afrique - 22 mai 2024
Le président du Kenya remet les pendules à l'heure.
« En tant que chefs d’État, lors d’une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou
des Congolais ? Et la RDC nous a dit : ‘Ce sont des Congolais.’ Fin du débat. Si ce sont des Congolais, comment est-ce que cela devient un problème du
Rwanda ? Comment est-ce que cela devient un problème de Kagame ? »
Pour William Ruto, le président du Kenya, la crise sécuritaire dans l’est de la RDC et les tensions actuelles entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame ne
pourront se résoudre que par « une solution congolaise ».
Le Monde/AFP - 30 avril 2024
"Le chef de l’Etat français a évoqué un « engagement » du président congolais à « mettre fin aux agissements des FDLR », des rebelles hutu rwandais dont la présence depuis trente ans dans l’est de la République démocratique du Congo est dénoncée par le Rwanda."
Sempiternelle promesse de la RDC de mettre fin aux FDLR (mouvement issu des génocidaires Hutu rwandais). Cela n'est jamais suivi d'effet depuis 20 ans.
D'autre part le M23 correspond à un contexte interne à la RDC que les FDLR n'ont fait qu'exacerber. Même si les FDLR sont mises hors d'état de nuire, ce contexte préexistant devra être réglé pour que le M23, mouvement rebelle congolais, dépose les armes. Les Tutsi congolais sont soumis à une idéologie génocidaire anti-tutsi au sein de la RDC. Ils sont considérés comme des "étrangers", alors que ce sont des Congolais discriminés depuis des décennies (cf. plus bas la question des Banyamulenge). Donc ils se sont organisés pour se défendre, l'état congolais étant défaillant sur ce point... comme sur bien d'autres.
Africa news - 12 mars 2024
RFI - 21 février 2024
La France commence à pointer officiellement l'implication du Rwanda en RDC. C'est un changement de posture.
Il est très difficile de savoir quels seraient effectivement la nature et l'intensité du soutien rwandais vu la faiblesse des rapports onusiens sur le sujet. On se contente de répéter en boucle dans les médias, sans investigations sérieuses, "le M23 soutenu par le Rwanda", sans plus de preuves incontestables que cela. Les journalistes occidentaux ne se rendent guère dans l'Est de la RDC et la propagande congolaise, soutenue par d'obscures agents probablement mandatés par d'anciens responsables français, atteint la population congolaise avec un degré de paroxysme quasi pré-génocidaire et particulièrement dangereux pour les Tutsi congolais. Cela rappelle en effet la propagande génocidaire rwandaise, dans les mêmes termes.
On doit noter que la France est très impliquée à travers sa diplomatie onusienne dans les conflits de l'Est de la RDC. Il est très probable qu'elle soit en grande partie à l'origine du rapport Mapping et de ses fuites dans la presse française (Le Monde) fin août 2010, avant sa parution officielle le 1 octobre 2010.
Depuis l'échec de l'opération Turquoise et la fuite au Zaïre/RDC des génocidaires rwandais sous la protection de la France, la diplomatie française n'a pas cessé de chercher et utiliser des opportunités pour dénoncer de façon souterraine le gouvernement de Paul Kagame depuis 30 ans, à travers toutes sortes de relais (ONU, Tribunal Pénal International pour le Rwanda, protection de génocidaires sur le sol français, justice Bruguière, etc.).
Cela s’était un peu calmé, en ce qui concerne la France officielle, dans la dernière décennie, notamment en ce qui concernent certaines affaires judiciaires, avec la reconnaissance partielle en 2021 des responsabilités françaises dans le génocide des Tutsi par Emmanuel Macron et le rapport Duclert, et la nomination comme ambassadeur d'un "dissident" du Quai d'Orsay sur la politique française au Rwanda des années 90.Mais certains anciens responsables français de l'époque n'ont pas désarmé pour autant.
Il faut noter que le principal responsable de la Monusco est un préfet français, formé au Quai d'Orsay, qui précisément au moment de l'opération Turquoise était conseiller d'Alain Juppé alors ministre des affaires étrangères du gouvernement Balladur. Depuis le rapport Duclert, Alain Juppé a mis de l'eau dans son vin sur la question rwandaise et reconnu un aveuglement, ce qui est remarquable de sa part.
Mais rappelons que le quai d'Orsay continue d'entretenir sur son site internet France diplomatie de fausses informations concernant un soi-disant "accord de défense", mensonge souvent avancé pour justifier le soutien de la France au régime génocidaire rwandais, alors qu'il est établi que cet accord de défense n'a jamais existé, mais seulement un accord pour la formation de la gendarmerie rwandaise, étendu en août 1992 à l'armée rwandaise pour contourner le premier accord d'Arusha de juillet 1992 qui obligeait l'armée française à quitter le Rwanda.
On sent qu'au sein des hautes administrations françaises des affaires étrangères et de l'armée, des idiots utiles résistent encore des quatre fers à l’évolution inscrite par Emmanuel Macron au Rwanda. Évolution qui de fait, malgré des précautions politiques mesquines et intéressées internes à la France, remet en cause l'histoire officielle française sur ce qui s'est passé au Rwanda à partir de 1990 et ensuite au Zaïre/RDC au moment de l'opération Turquoise (1994) et dans les mois qui ont suivi.
La perspective des élections présidentielles de RDC, prévues pour 2024, a entraîné une recrudescence des accusations congolaises contre le Rwanda et ses actions, réelles ou inventées pour la cause, dans l'Est de la RDC.
ONU - 16 octobre 2023
Dans un style très onusien, où tous les protagonistes réels ou supposés sont mis sur le même plan sans rappeler le rôle de chacun, notamment ex-génocidaires rwandais et Rwanda étant quasiment mis dans le même sac avec les groupes armés congolais qui opèrent dans le Kivu, ce qui crée de la confusion chez le lecteur néophyte, l'ONU informe du retrait de la MONUSCO.
Ce communiqué oublie de dire que cette mission de l'ONU était devenue très impopulaire en RDC, par ses méfaits dans la société et son incompétence à régler les problèmes. Depuis 1999, d'abord sous l'appellation de MONUC puis de MONUSCO à partir de 2010, cette opération aura engouffré quelques 30 milliards de dollars payés par la communauté internationale, avec la participation effective de plus d'une soixantaine de pays. Elle aura employé jusqu'à 25 000 personnes par an, dont 20 000 militaires. C'est probablement la plus grosse mission onusienne.
Si vous doutez de ce qui est écrit dans cette page depuis 2010, écoutez ces Congolais, notamment Monsieur Basile Diatezwa dans la première vidéo ci-dessous et Monsieur Mbuyi Belhar dans la seconde.
L'intervention de Monsieur Basile Diatezwa arrive en réponse à une question posée dans la vidéo à 1:28:00 (jusqu'à 1:55:00). Un journaliste pose le problème des "statistiques macabres" qui sont manipulées à propos de la RDC, visiblement pour déstabiliser les propos des conférenciers en s'appuyant sur Charles Onana.
Monsieur Basile Diatezwa explique, par un discours très charpenté et articulé, la clé historique de ces statistiques macabres. Cette clé tourne autour des manipulations du ministre belge Louis Michel et de Colin Powell, par le biais de l'IRC, ong américaine dont il était administrateur au conseil de surveillance, pour assurer le soutien international à Joseph Kabila et faire supprimer, en échange, la Loi Bakajika qui nationalisa sous Mobutu les propriétés belges au Zaïre. Cette clé résout la problématique que je pose plus loin depuis plusieurs années et sur laquelle je ne pouvais qu'émettre des constatations sans les relier clairement à l'histoire source.
Il est évidemment suggéré de visionner toute cette très longue et passionnante vidéo qui explique la démarche de ce collectif d'avocats au service juridique des communautés congolaises Tutsi, Hema et Banyamulenge. " Seulement avocats, ni plus ni moins".
CONFÉRENCE DE PRESSE DU COLLECTIF DES AVOCATS CHARGÉS DE LA DÉFENSE DES BANYAMULENGE,TUTSIS ET HEMA 15/11/2023Monsieur Mbuyi Belhar, originaire du Kasaï, donc du centre-sud du Congo, est un journaliste et chercheur. Particulièrement érudit par sa recherche "pour comprendre"
la problématique du Kivu et des Congolais Tutsi, il considère que Charles Onana est un "ignorant de première classe" dans ses livres, et qu'il fait
partie de ceux qui appellent au crime contre les Tutsi en RDC. Son livre (Holocauste au Congo) est une "Bible de la haine". Il souhaite une
commission vérité et réconciliation pour clarifier l'histoire et la situation dans l'Est de la RDC. Cela rejoint la démarche du collectif des avocats,
mais sur un plan plus sociétale. Il est interviewé ci-dessous :
Deux textes de Monsieur Mbuyi, Belhar, à lire dans la base de données documentaire France génocide Tutsi :
La Libre Afrique- 21 septembre 2022
Ces accusations, continuellement démenties par la Rwanda, posent la question de la véritable nature du groupe armé "M23".
Il est incontestable que des Tutsi congolais vivent au nord Kivu depuis des lustres et qu'il y avait eu un accord en 2009 entre eux et le gouvernement
pour qu'ils soient intégrés aux forces armées de RDC. Ils ont créé le M23 le 23 mars 2012, parce qu'ils estimaient que cet accord n'avait pas été
respecté. Depuis ils ont remporté des succès militaires et des défaites et semblent aujourd'hui particulièrement bien armés, puisque l'ONU
estime que la MONUSCO ne peut pas les vaincre. Les preuves de l'implication du Rwanda dans cet armement ne semblent pas très claires, même si un
rapport de l'ONU le confirme. L'ONU est traversée de nombreux courants diplomatiques et ce rapport ne semble pas faire l'unanimité, comme beaucoup de
rapports qui concernent cette région.
D'autre part le M23 est souvent accusé de crimes divers, jusqu'aux plus graves, comme des dizaines de groupes armés de la région, y compris les forces
gouvernementales de RDC.
Les dirigeants de la communauté internationale semblent embarrassés devant cette situation et évitent de poser des jugements catégoriques.
En septembre 2022, un conseiller proche du président congolais a été arrêté en RDC, accusé de marchander des mines pour son compte personnel.
Jeune Afrique - 20 août 2022
"Gaël Faye : Ces tensions me bouleversent. La situation est floue. Je perçois à nouveau de l’incompréhension, exacerbée par les réseaux sociaux. Cette amplification de la xénophobie envers les rwandophones qui vivent au Congo, je ne la ressentais plus. Elle me fait fait peur et m’attriste énormément."[...]
Tout a commencé quand le M23 s’est réinvité dans le conflit. La RDC a alors accusé le Rwanda d’être derrière cette offensive – ce qui n’est pas nouveau. Je pensais qu’avec l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir, nous disposerions de nouveau d’instruments diplomatiques pour résoudre ce genre de crise et, surtout, pour calmer l’opinion des deux côtés de la frontière. On assiste à tout le contraire, sans pouvoir dire d’où cela vient et pourquoi.
Sur Facebook ou sur WhatsApp, chacun diffuse des vidéos de nature à attiser le feu. Cela fait ressurgir ce qu’on avait connu à la fin des années 1990 : un rejet des rwandophones vivant dans l’est de la RDC. Cela témoigne aussi du désarroi des Congolais, que je comprends tout à fait."
Ce qu'évoque Gaël Faye est pertinent. Depuis l'importation de l'idéologie génocidaire rwandaise en RDC, liée aux prémices du génocide des Tutsi et à son exécution, c'est à dire depuis 1990, les Tutsi congolais sont menacés en RDC, voire victimes de crimes à caractère génocidaire. De nombreux Tutsi congolais ont fui vers le Rwanda après le génocide des Tutsi du Rwanda, et la fuite des génocidaires rwandais en RDC sous la houlette de l'opération Turquoise française "sous mandat de l'ONU". Dans le chaos qui suivit, des dizaines de groupes armés se sont constitués, en l'absence d'autorité de l'état. Les deux guerres du Congo (de 1996 à 2002) n'ont rien arrangé. Depuis 1999, la MONUSCO, force de "paix" des nations unies, n'a rien amélioré.
Aujourd'hui on constate de fréquents appels, par des responsables politiques congolais, à éradiquer par la guerre le Rwanda et les Tutsi, bouc-émissaires désignés qui se défendent parfois avec excès. Ces appels réjouissent les Rwandais du régime génocidaire et leurs alliés (souvent français, anciens des gouvernements socialistes qui considèrent la victoire du FPR comme une humiliation de la politique de François Mitterrand) qui veulent "la peau de Kagame".
La situation actuelle est exacerbée par la perspective des élections présidentielles en 2023 en RDC. L'imprégnation anti tutsi est telle que pour gagner les élections, Félix Tshisekedi se sent probablement obligé de monter en épingle un discours anti-Rwanda. Les chefs des exploiteurs multinationaux des richesses du Congo se sentent obligés de traiter le problème en renvoyant dos à dos la RDC et le Rwanda. C'est leur moyen de soutenir une certaine stabilité dans la région, propice à l'exploitation néo-coloniale des richesses de la RDC, toujours zone d'exploitation économique internationale de fait.
Cette importation idéologique du génocide des Tutsi du Rwanda s'est faite sur un terreau de xénophobie antérieure contre les Rwandophones Tutsi de l'Est du Congo à qui Kinshasa avait retiré la nationalité congolaise dans les années 1980. Cette population rwandophone n'est pas entièrement présente à cause des immigrations successives. Quand Léopold II et les Belges décrétèrent que la frontière entre le Rwanda et la zone d'exploitation internationale du Congo (essentiellement tournée vers le caoutchouc et les métaux "classiques"), passait par le lac Kivu et la chaîne des volcans des Virunga, des Rwandophones se sont trouvés séparés artificiellement par la nouvelle frontière coloniale. Les Banyamulenge, par exemple, sont situés environ à deux cents kilomètres à l'ouest du Rwanda et du Burundi. Ce sentiment anti-tutsi est tel que récemment un Congolais de Kinshasa me racontait que ses propres filles ont subi à Kinshasa une agression "au faciès", car elles ont été perçues comme Tutsi et donc "rwandaises" ! A titre d'illustration on peut lire ceci sur un site congolais :
DigitalCongo.net - 3 octobre 2022
Cette frontière coloniale entre le Rwanda et la RDC a construit une géométrie similaire à celle de l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est du temps de la guerre froide. D’ailleurs Goma (Kivu/RDC) et Gisenyi (Rwanda) sont une même ville coupée en deux comme le fut Berlin.
La RD Congo même, telle qu'elle est actuellement, est un accident de l'histoire coloniale. C'est la conférence de Berlin de 1885 qui fut son fond baptismal. Sa racine a peu à voir avec le Royaume Kongo. Le Royaume Kongo se situait à peu près sur l'actuel Congo Brazzaville et les provinces autour de Kinshasa (Capitale de la RDC), et une bande du nord de l'Angola. Ce Royaume Kongo occupait un territoire d'environ un dixième ou un huitième de l’actuel RDC. Ce que le roi Léopold a appelé le "Congo" est constitué de plusieurs centaines d'ethnies qui parlent autant de langues (le nombre varie selon les interlocuteurs de 200 à 500 langues) sur un territoire dix fois plus vaste. Il faut comprendre que la notion de frontière en Afrique avant la colonisation n'avait pas grand sens. C'étaient des zones d'influences de tels ou tels pouvoirs locaux.
Depuis "l'indépendance", tuée dans l’œuf lors de l'assassinat de Lumumba par Mobutu, aucun gouvernement congolais ne s'est montré capable de gérer ce pays. Là où les Belges colonisaient, le pouvoir néo colonial de Kinshasa a revendiqué de prendre sa place avec les mêmes travers coloniaux : il considère que les richesses de la zone d'exploitation internationale de Léopold II sont la propriété de l'ancien Royaume Kongo et donc de Kinshasa, qui ne fait rien pour gérer les autres provinces du pays, comme si c'étaient des pays étrangers... et pour cause !
La RDC est pillée d'abord et principalement par ses élites, d'où le "désarroi congolais". La réussite "insolente" du Rwanda, sur les cendres d'un génocide qui avait tout ravagé, est dénigrée amèrement par des accusations de pillages par les congolais. Quoi qu'il en soit, la raison principale de cette réussite c'est le pouvoir autoritaire et organisateur de Kagame, qui, malgré les accusations de dictature dont il fait l'objet, ne semble pas s'en mettre plein les poches, mais veille au contraire à ce que l'argent du développement aille au développement. La volonté des Rwandais, mais pas de tous, de tourner la page du génocide accepte de se soumettre à cette autorité dont ils voient les bénéfices.
Certes, les colonisés du Congo ont développé un sentiment de misère commune, qu'ils appellent sentiment national. Mais cela ne se traduit pas (pas encore ?) en actes collectifs suffisamment constructifs, même après cinquante ans "d'indépendance". Pour l'instant ils continuent de se perdre dans l'idéologie anti-Tutsi, qui devient particulièrement préoccupante et qui est souvent négligée dans les analyses géopolitiques de la région, tant par les amoureux de la géopolitique française que par de grandes ONG internationales et les membres du Conseil de sécurité de l'ONU.
La communauté internationale qui avait d'une certaine manière facilité le génocide des Tutsi perdure dans son aveuglement.
RFI - 4 août 2022
TV5-Monde - 4 août 2022
"preuves à l’appui" ?
Selon RFI : "Ces éléments révèlent de grandes colonnes de plusieurs centaines d’hommes près des frontières de la RDC, du Rwanda, de
l’Ouganda, se déplaçant avec des uniformes similaires à ceux des Rwandais." ... "Similaires" !
RFI - 11 août 2022
« Il y a des informations crédibles sur un soutien aux groupes armés par toutes les parties, y compris les FDLR par les forces congolaises, et le M23 par les forces rwandaises », a-t-il déclaré. « Mon message aux deux présidents, congolais et rwandais, a été le même : tout soutien ou collaboration avec des groupes armés dans l’est de la RDC met en péril la stabilité régionale. »A. Blinken
France 24 Info/intox - 20 juin 2022
Politico - 6 juin 2022
"D’emblée, Ève Bazaiba a affirmé d’un ton ferme que la République Démocratique du Congo est aujourd’hui victime de la « bêtise
humaine » du génocide rwandais, également connu sous le nom de génocide contre les Tutsis, qui a eu lieu entre le 7 avril et le 15 juillet 1994
pendant la guerre civile rwandaise."
"La VPM de l’Environnement a rappelé que c’est à travers l’opération turquoise, une opération militaire dirigée par la France au Rwanda en 1994 sous
mandat des Nations Unies que la communauté internationale a imposé à la RDC d’accueillir les réfugiés rwandais".
Ces propos sont frappés au coin du bon sens et d'une bonne connaissance de l'histoire. Toutefois nous ne pouvons soutenir cette vice-première ministre lorsqu'elle dit que le Rwanda refuse d'accueillir les Rwandais qui se trouvent encore en RDC. C'est une contre-vérité démentie depuis 28 ans. Des centaines de milliers de Rwandais sont rentrés au Rwanda depuis 1996. Ce sont les Rwandais qui restent qui refusent de rentrer au Rwanda en renonçant à l'idéologie du génocide des Tutsi qu'ils continuent de justifier et veulent imposer leur politique comme condition de retour. C'est inacceptable au regard de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée à Paris par l'assemblée générale des nations unies en 1948.
Politico - 6 juin 2022
France Info - 6 juin 2022
Le 19 janvier 2022 sort en salle en Belgique le film de Thierry Michel "L'empire du silence", soutenu par l'ACAT. Ce film continue le chemin ouvert par son précédent Film sur le Docteur Mugwege L'Homme qui répare les femmes : La Colère d'Hippocrate.
Le livre de Patrick de Saint-Exupéry, La traversée, publié aux éditions Les arènes début mars 2021, rend compte de son cheminement sur le terrain en RDC sur les traces de la fuite des génocidaires rwandais. Au cours de sa traversée, il se réfère plusieurs fois au rapport Mapping et à des récits de Hutu rwandais qu'ils ont publiés. La conclusion du prix Albert Londres à l'issue de sa "traversée" sur le terrain est formelle, il ne fait aucun doute qu'il n'y a pas eu de génocide des Hutu rwandais au Zaïre et que c'est un montage négationniste de la théorie du double génocide. "Un génocide, ça laisse des traces" dit-il.
En avril 2019, Emmanuel Macron avait nommé une commission d'historiens chargée d'éplucher les archives françaises. Cette commission, présidée par l'historien Vincent Duclert, publia son rapport fin mars 2021. Dans les débats qui suivirent la présentation du rapport, Vincent Duclert fut très clair à ce sujet, il n'y a pas eu de génocide des Hutu au Rwanda non plus.
On doit rappeler les conclusions du rapport Duclert à tous ceux qui utilisent le rapport Mapping dans le seul but de disculper la France de ses responsabilités dans le génocide des Tutsi. Les conclusions de ce rapport mettent en exergues que la France a des "responsabilités lourdes et accablantes" :
"Devant une telle tragédie, peut-on s’arrêter au constat historiographique ? La crise rwandaise s’achève en désastre
pour le Rwanda, en défaite pour la France. La France est-elle pour autant complice du génocide des Tutsi ? Si l’on entend par là une volonté de
s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer. La France s’est néanmoins longuement investie au
côté d’un régime qui encourageait des massacres racistes. Elle est demeurée aveugle face à la préparation d’un génocide par les éléments les plus
radicaux de ce régime. Elle a adopté un schéma binaire opposant d’une part l’ami hutu incarné par le président Habyarimana, et de l’autre l’ennemi
qualifié d’« ougando-tutsi » pour désigner le FPR. Au moment du génocide, elle a tardé à rompre avec le gouvernement intérimaire qui le réalisait et
a continué à placer la menace du FPR au sommet de ses préoccupations. Elle a réagi tardivement avec l’opération Turquoise qui a permis de sauver de
nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsi du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide. La recherche
établit donc un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes.
Ces responsabilités sont politiques dans la mesure où les autorités françaises ont fait preuve d’un aveuglement continu dans leur soutien à un
régime raciste, corrompu et violent, pourtant conçu comme un laboratoire d’une nouvelle politique française en Afrique introduite par le discours de
La Baule."
Citation extraite du Rapport Duclert page 972-973, suit une description détaillée de ces responsabilités.
Il apparaît donc, dans le questionnement lourd qu'ils menèrent sur un possible génocide des Hutu, que les rapporteurs du rapport Mapping de l'ONU furent sujets à une propagande interne à l'ONU, dont on peut légitimement penser qu'elle venait probablement de la France et de ses alliés génocidaires rwandais, dont on sait qu'elle continua à les soutenir au Zaïre après le génocide des Tutsi. En conclusion, face à de sérieux arguments à décharge reconnus par les rapporteurs, ils laissèrent malgré tout à la justice le soin de trancher. Nuance dont les propagandistes français et rwandais ne se sont jamais embarrassés en se référant à ce rapport Mapping.
On entend parler du rapport Mapping le plus souvent pour accuser le Rwanda de Kagame d'avoir commis des crimes en RDC. D'autres voix voudraient le reprendre en relation avec les objectifs strictes du Mapping : recenser les massacres en RDC et évaluer les dispositifs juridiques de la RDC en réponse.
Le Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix connu comme référence pour réparer, physiquement et psychologiquement, les femmes victimes de viols de guerre dans l'Est de la RDC, fait partie de ces autres voix. Compte tenu de son combat, son approche est particulièrement légitime. Mais il apparaît qu'il est harcelé par des propagandistes qui cherchent à le manipuler. Il a ainsi récemment refusé de participer et de parrainer un colloque sur l'Afrique centrale organisé au Sénat français en mars 2020, car, selon le journal La Croix qui a contacté l'équipe du Docteur, sa participation semblait attendue pour justifier la politique française au Rwanda. Malgré ce refus du Docteur Mukwege de participer à la réunion récente au sénat français, les organisateurs de la réunion diffusèrent un extrait de son discours de Prix Nobel, pour tenter encore de le récupérer. Un tel acharnement montre la force de l'enjeu.
Toutefois, des déclarations du Docteur Mukwege, très acerbes et excessives, sont de plus en plus mal acceptées au Rwanda et parmi les Tutsi congolais, car il cautionne des négationnistes du génocide des Tutsi. Cela ne le place pas comme un médiateur de Paix en RDC vis-à-vis de la traque des Tutsi congolais dans ce pays. Cela n'honore pas son prix Nobel de la Paix. C'est ainsi qu'en 2024 une intellectuelle d'origine rwandaise écrivit un article particulièrement rigoureux :
La politique française au Rwanda a sévi dans les années 90 et perdura jusqu'à l'élection d'Emmanuel Macron, avec un "écart" notable lors du voyage de Nicolas Sarkozy au Rwanda en 2010 qui qualifia "d'aveuglement" et "d'erreur de jugement" la politique française dans le génocide des Tutsi. Mais des sénateurs restent dans cette posture française désastreuse, qui a permis d'entendre au Sénat en mars 2020, à propos du nombre d'officiers "Tutsi" dans l'armée de RDC, une diatribe raciste anti-Tutsi de la bouche d'un récent candidat à la présidence de la RDC, sans aucun reproche d'aucun participant. Qui ne dit mot consent.
Cette politique française erronée trouva son apogée avec la parution de l'ordonnance du juge Bruguière en 2006, qui accusait le FPR de Kagame d'être auteur de l'attentat "déclencheur du génocide". Elle s'effondrera à travers les nouveaux juges antiterroristes français Marc Trévidic et Nathalie Poux et l'enquête balistique au Rwanda qu'ils ont ordonnée à la fin des années 2000. Cette enquête balistique sera publiée en 2012. Cette ordonnance Bruguière fut analysée comme "objet négationniste" par des juristes français connaissant bien la problématique française au Rwanda et qui furent membres de notre commission. (Géraud de La Pradelle et Rafaêlle Maison - Revue Cités N° 57).
Le questionnement lourd que les rapporteurs du Mapping menèrent sur un possible génocide des Hutu par le gouvernement post génocide du Rwanda, apparaît comme un "objet négationniste" de même nature et origine que l'ordonnance du juge Bruguière, telle que décrite par Géraud de La Pradelle et Rafaëlle Maison dans leur article de la Revue Cités N° 57.
Finalement, dans les faits et malgré l'évolution heureuse des critiques de ces "objets négationnistes", les hésitations dans les qualifications génocidaires dans le rapport Mapping et l'ordonnance du juge Bruguière, n'existent plus dans les têtes, notamment de beaucoup de Congolais, que pour condamner le Président du Rwanda et, en "jetant le bébé avec l'eau du bain", tous ceux, notamment les familles des rescapés, qui se battent contre la banalisation du génocide des Tutsi et son évocation fumeuse d'un double génocide, le deuxième imaginaire, celui des Hutu, devant justifier le génocide des Tutsi et du même coup le soutien de Paris aux génocidaires Hutu.
Exemple parmi des centaines d'autres :
Le docteur Denis Mukwege, témoin émouvant et reconnu, a rappelé dans son discours les réalités fondamentales de la RDC et la situation dans l'Est du pays, et situé le rapport Mapping dans cette réalité. Il déplore sa mise aux oubliettes de l'ONU. Il a aussi reproché au rapport mapping de ne pas désigner explicitement les responsables des 617 massacres recensés. Il a souligné les responsabilités partagées des autorités de son pays et des pays voisins, et de la communauté internationale dans l'humiliation grave des habitants de son pays.
Il suffit d'écouter son discours ci-contre en haut de la colonne de gauche.
Cet article de l'AFP/Le Vif relate ainsi cette situation en septembre 2020 :
Toutefois il convient de rappeler, que la lecture des réactions à l'ONU au rapport Mapping, du Burundi, du Rwanda, de l'Angola et de l'Ouganda montre que tous ces pays contestent ce travail qu'ils considèrent comme manquant de rigueur, voire affirmerait parfois des contre-vérités. (cf ci-contre la réaction des Etats voisins). Il est difficile dans ces conditions de créer un Tribunal international, si l'international immédiat et le pays concerné contestent le rapport. Il convient aussi de noter que les contestations ne sont pas convergentes, mais prolongent le conflit.
Le docteur Mugwege en a conscience puisqu'il a dit devant les députés européens :
"Pour que justice soit rendue, il faudrait (...) une coopération judiciaire très efficace avec tous les pays
impliqués, notamment l'Ouganda, le Burundi et le Rwanda, ce qui n'existe pas encore", a déploré le Dr Mukwege face aux eurodéputés mardi."
(cf.article ci-dessus)
Denis Mukwege était absent, ce qui lui sauva probablement la vie. Plus d'une trentaine de personnes furent massacrées. Le rapport mapping relate :
"Le 6 octobre 1996, des éléments armés banyamulenge/tutsi auraient tué à Lemera dans le territoire d’Uvira plus d’une trentaine de personnes dont des civils et militaires qui recevaient des soins à l’hôpital local"
Quand on lit les attaques subies par les Banyamulenge en tant que "corps étrangers" avant le 6 octobre 1996 et notamment plusieurs en septembre 1996 (pages 73 à 78 du rapport mapping) on comprend que l'attaque Banyamulnege a pu être autonome.
"Certes le moment exact du début du conflit armé international reste discutable. Des troupes étrangères étaient certainement impliquées dans le Sud-Kivu lors de l’attaque sur le camp de Runingu, le 13 octobre 1996, même encore plus tôt, au cours de l’attaque de Lemera, qui a commencé le 6 octobre 1996 et dans laquelle était impliquée l’armée rwandaise"
Le mapping est imprécis et contradictoire dans son appréciation des auteurs du massacre de Lemera et reste toujours au niveau du conditionnel et de l'hypothèse. Il attribue ce massacre d'abord aux Banyamulenge, représailles probables aux nombreuses attaques qu'ils avaient subies le mois précédent, puis, deux cent pages plus loin, à l'armée rwandaise. On objectera que les banyamulenge s'allièrent plus tard à l'AFDL, mais on remarque dans le mapping que le 10 octobre 1996, donc après le massacre de Lemera, les Rwandais appellent les Banyamulenge à prendre les armes pour faire respecter leurs droits. On trouve tout ce qui concerne Lemera aux pages 78 (§ 186 et § 187), 139, 184 et 274 du Mapping dans sa version française. Les certitudes des lecteurs font le reste, faussement attribuées au rapport mapping.
Les Banyamulenge sont essentiellement des congolais rwandophones de la colline Mulenge au Kivu. D'où leur nom. Ils sont victimes d'ostracisme de la part des congolais zaïrois qui les traitent souvent et depuis longtemps comme un corps étranger (page 73 du rapport mapping). On les dit Tutsi parce que ce sont des éleveurs rwandophones. Ils sont congolais parce que le roi de Belgique Léopold II a décrété au 19 ème siècle, que la frontière passait par le lac Kivu. C'est donc un découpage occidental des réalités africaines, l'Afrique pré coloniale n'avait pas de frontières officielles. C'étaient plutôt des zones d'influences plus ou moins variables. Ainsi la colline de Mulenge est à la hauteur du Burundi. Cela renforcerait l'hypothèse que cette communauté dite liée au Rwanda fuyait en réalité l’influence du Mwami (Roi) du Rwanda à l'origine en s'établissant à l'extrémité de sa zone d'influence.
Rappelons que les "ethnies" au Rwanda (comme au Burundi) ne sont pas des ethnies. Les Tutsi et Hutu vivaient mélangés sur tout le territoire et dans tous les clans, parlaient la même langue et se mariaient entre eux. Les Hutu sont des agriculteurs essentiellement, et les Tutsi des éleveurs essentiellement. Les éleveurs migrent pour trouver des pâturages pour leurs troupeaux. D'où probablement cette réputation d'envahisseurs, dominateurs, car les paysans agriculteurs ne peuvent pas grand chose contre leurs immenses troupeaux qui pouvaient avoir plusieurs centaines de vaches. Au Congo les Banyamulenge sont une des quelques centaines d'ethnies congolaises (et à peu près autant de langues,) et ont une langue bien particulière. Cette diversité ethnique est sans doute encore plus complexe car selon la CIA ce serait 200 ethnies (faut-il voir là un manque de finesse des analyses US ?) et selon certains officiels congolais, 450 ethnies. Mais il semble que de nombreuses petites ethnies se fondent de plus en plus dans de plus grandes ethnies.
Le rapport Mapping explique dans sa note 151 page 72 :
Le terme « banyamulenge » s’est popularisé à partir de la fin des années 1960 afin de distinguer les Tutsi installés de longue date au Sud-Kivu, les Banyamulenge, de ceux arrivés à partir des années 1960, comme réfugiés ou immigrés économiques. Banyamulenge signifie « gens de Mulenge » du nom d’une localité située dans le territoire d’Uvira où les Tutsi sont très nombreux. Avec le temps cependant le terme « banyamulenge » a de plus en plus été utilisé de façon vague et pour désigner indifféremment tous les Tutsi zaïrois/congolais et parfois rwandais.
La première constatation des propos de propagande est la focalisation sur le Rwanda d'après génocide. Le Rwanda actuel, 90 fois plus petit que la RDC et 7 fois moins peuplé, serait responsable de tous les malheurs de son immense voisin. Le Rwanda est implicitement ramené à l'état de virus. N'est-ce pas la politique ethniciste Hutu qui a divisé le Rwanda à partir de "l'indépendance" du pays ? Pourquoi dès lors reprocher aux autorités qui protègent les Tutsi, qu'on appelait déjà "cafards" pour les écraser pendant le génocide, d'être obligés de poursuivre des génocidaires selon leurs propres revendications ethniques qu'ils brandirent dans le "Hutu power" auto-nommé ? N'est-ce pas le sens de la convention internationale de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide ? Les Rwandais élus, dont une majorité d'anciens Hutu et des rescapés du génocide des Tutsi minoritaires au sein de la classe politique Rwandaise, sont fondés à exercer cette répression politique. Ils ont actuellement le pouvoir au Rwanda.
Pourtant, n'est-ce pas le régime rwandais d'avant 1994 qui a conduit le génocide des Tutsi, dont les divers acteurs ont majoritairement fuit vers le Zaïre sous la protection de l'opération Turquoise française, qui a envahit le Zaïre. Environ un million de Rwandais, génocidaires, compromis avec les génocidaires ou pris en otage par les génocidaires, ont envahit les provinces congolaises frontalières avec leur matériel de guerre, leurs banques, etc, et surtout leur volonté de reconquérir le Rwanda. Tous Hutu, puisqu’ils tuaient systématiquement les Tutsi en leur sein.
Cette propagande est facilitée par le fait que les actions des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU sont tout simplement ignorées des considérations de ce rapport Mapping, à part dans quelques notes de bas de page pour souligner leurs soi-disant efforts de paix. Aucune allusion à l'opération Turquoise de la France qui est intervenue en 1994 au Zaïre dans la période analysée par le rapport. Ce silence du rapport est vraiment énorme. Il néglige des perspectives historiques et des épicentres de responsables de la situation et rejette dans ses considérations stratégiques ces grandes puissances, mais s'attarde longuement sur des considérations stratégiques concernant le Rwanda en posant la question d'un génocide des Hutu qu'il ne confirme pas en acceptant de nombreux éléments à décharge. (Voir cette polémique en fin de cet article)
Il est important dans ce chapitre de ne pas confondre les Hutu rwandais retranchés en RDC/ex-Zaïre à partir de 1994 et les Congolais de RDC, dans des comptabilités intéressées très douteuses telles que les a "tamponnées" Pierre Péan, principal fondateur de cette déraison.
(Cette déraison est très soutenue depuis un quart de siècle par Hubert Védrine, ancien secrétaire général de l'Elysée à l'époque de François Mitterrand et dont on peut se demander, vue sa constance et son assiduité au fur et à mesure des vieillissements ou des éloignements, des décès, et des évolutions de cette mouvance, s'il n'en est pas le principal inspirateur, toujours étoile polaire au firmament du ciel socialiste français, pour sa plus grande perte).
En effet, autre point très important des propagandistes : le rapport Mapping authentifierait que les Congolais auraient subi une surmortalité, à cause du Rwanda de Kagame, de 4 millions, 7 millions, voire 12 millions de morts, selon les plumes plus ou moins extravagantes. Dans leurs discours ils mélangent pêle-mêle Congolais et Hutu rwandais pour gonfler les chiffres d'un soi-disant génocide des Hutu.
En réalité le rapport Mapping ne traite ce sujet qu'en une seule phrase et une note de bas de page pour souligner : "Compte tenu de son mandat, il ne revenait pas au Projet Mapping de se prononcer sur le nombre total de personnes mortes ou tuées du fait de la situation en RDC au cours de la période considérée."
"Ces dix années ont, en effet, été marquées par une série de crises politiques majeures, des guerres ainsi que de nombreux conflits ethniques et régionaux qui ont provoqué la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes 87" (c'est la seule phrase)
"Note 87 (88 dans la préversion du Mapping ): L’International Rescue Committee (IRC) a mené quatre études sur la mortalité en RDC entre 1998 et 2004. Selon l’IRC, depuis le début de la deuxième guerre en août 1998 jusqu’à la fin du mois d’avril 2004, environ 3,8 millions de personnes auraient péri, victimes directes ou indirectes de la guerre et des conflits armés. Il est à noter cependant que la méthodologie retenue par l’IRC pour déterminer le nombre de morts indirects repose sur des études épidémiologiques et des estimations de croissance démographique qui ont pu être contestées. Compte tenu de son mandat, il ne revenait pas au Projet Mapping de se prononcer sur le nombre total de personnes mortes ou tuées du fait de la situation en RDC au cours de la période considérée." (C'est la note de bas de page)
Poussant un peu plus la recherche, on peut relever que l'expression "nombre indéterminé" est utilisée 177 fois dans le rapport mapping.
L'IRC est une "ONG" américaine qui n'est pas si indépendante que cela. Son conseil de surveillance est peuplé d'anciens secrétaires d'Etat des Etats-Unis, et pas des moindres.
On trouve dans cette liste des "surveillants" de l'IRC des membres de la diplomatie et des armées des USA qui peuvent très bien avoir sanctifié des manipulations de chiffres, si on en juge par exemple par les mensonges utilisés, et mondialement connus, pour justifier le déclenchement de la guerre en Irak :On aura des hypothèses sur les buts poursuivis par l'IRC dans mon article, cité dans un lien direct plus bas, et intitulé :
(note de 2023 : l'intervention de Monsieur Basile Diatezwa, évoquée ci-dessus dans la partie "Contexte en 2023" donne la clé historique de cette "surmortalité" exagérée).
Il est probable que la surmortalité de 183 000 morts en 2003 est évidemment dépassée en 2023, mais elle n'atteint certainement pas le million de
morts. On aurait des fausses communes avec des dizaines de milliers de morts voire des centaines de milliers de morts pour certaines comme
au Rwanda ? Où sont-elles ?
Au sujet des crimes de génocide éventuellement commis, le rapport Mapping étudie lourdement la question d'un génocide contre les Hutu rwandais ayant fuit au Zaïre. Dans certains "incidents" on évoque que des Hutu congolais auraient pu être visés comme tel. Cela est souligné comme élément qui pourrait renforcer l'idée d'un génocide contre les Hutu.
Il évoque aussi, de façon beaucoup plus légère, des "incidents" contre les Tutsi établis depuis longtemps au Kivu comme des prolongements du génocide des Tutsi au Rwanda à partir de 1993 dans la période préparatoire du génocide des Tutsi et ensuite à partir de l'arrivée des génocidaires rwandais en juillet 1994.
Voir, au sujet des Hutu, les deux dernières parties de cette page.
Autre aspect de cette propagande, et pas des moindres, la surmortalité des Congolais, ne concerne pas les génocidaires Hutu poursuivis par l'alliance Rwando-Ougando-Congolaise fin 1996. Un journaliste du journal Allemand TAZ s'est attaché à décompter avec précision le nombre de morts des camps Hutu en recoupant les divers chiffres du HCR, Haut commissariat aux réfugiés, notamment. Il arrive à un maximum de 40 000 morts (quarante-mille). Lire à ce sujet cette traduction en français :
(traduction française par Wolfgang Blam de Vermisst im Urwald - Taz (Allemagne) 28/08/2010
Un décompte précis des morts (moins de 40 000) des camps de réfugiés Hutu, par Dominic Johnson très bon
connaisseur du Kivu et longtemps membre du Pole Institute de Goma.
La propagande hallucinante au sujet du nombre de morts congolais à cause du Rwanda prend la mesure de sa démesure quand on lit la seule étude faite par de véritables démographes à ce sujet, établie dans le cadre d'une mission des institutions européennes. Cette étude dégage 183 000 morts, cent quatre-vingt-trois mille, exactement, même si les auteurs n'éludent pas une relative fourchette de 10% autour de ce nombre, et non pas des millions :
(Note de 2023 : il est cocasse de constater que les deux sources de "statistiques macabres" sur la surmortalité en RDC sont liées à la Belgique : Louis Michel pour l'enflure des chiffres et des démographes belges pour l’étude démographique rigoureuse. Comme l'étude de l'Adrass fut commanditée par la commission européenne et que Louis Michel était à l'époque "Commissaire européen à la coopération internationale, à l'aide humanitaire et à la réaction aux crises", on peut se demander s'il n'a pas cherché à corriger les effets négatifs de sa manipulation avec Colin Powell et l'IRC en obtenant que ces démographes tirent au clair les réalités de la RDC à l'occasion des élections présidentielles. Il est amusant de constater le ton ironique des démographes belges dans la présentation de leur étude. Mais malheureusement le mal est fait, malgré l'étude de l'ADRASS)
Malheureusement pour eux, le Docteur Mukwege refusa ce parrainage au motif, selon son équipe contactée par le journal La Croix, que ce colloque serait détourné par les militaires français qui veulent remettre en cause les accusations du Rwanda contre la France.
Malgré de nombreuses désapprobations, ce colloque eut lieu. Voici ce qu'en dit le journaliste
Jean-François Dupaquier :
L'intégralité de ce colloque est publié en vidéo sur Youtube. On peut constater, qu'à défaut du soutien du DR Mukwege, les organisateurs ont projeté un extrait de la vidéo de son discours :
Lire aussi mon point de vue sur la RDC publié sur mon blog dans le club de Médiapart :
Et quelques articles que je rassemble sur un autre site :
En 1994, au cours de l'opération Turquoise de l'armée française, devant l'avance de l'armée du FPR que la France essaya de freiner, le gouvernement génocidaire, son armée et ses milices, son matériel militaire et ses banques, se sont repliés au Zaïre à travers le dispositif français. Des camps de réfugiés immenses furent installés à la frontière Rwando-Zaïroise. Le régime génocidaire rwandais en fuite y réinstalla un état rwandais de campagne avec le soutien diplomatique et militaire de la France et le détournement de l'aide aux réfugiés littéralement pris en otage et victimes du choléra. Parmi ces réfugiés se trouvaient de nombreux rwandais ayant participé au génocide car ce fut un génocide "populaire". En effet, toute la population suivit ce qui se passait et un grand nombre, sans doute 20 % de la population "encartée" Hutu, participa directement au génocide, souvent sous la menace, dans le sillage des milices.
A partir de cette réorganisation des génocidaires au Zaïre, de 1994 à 1997, des actions d'infiltration au Rwanda furent perpétrées avec de fréquents massacres dans les villages frontaliers du Rwanda, "pour finir le travail" du génocide et déstabiliser le nouveau Rwanda. Excédées par cette dérive politique, des ONG quittèrent les camps dès le début, dont Médecins sans frontière en novembre 1994.
Face à cette situation le gouvernement du Rwanda tenta vainement d'alerter la communauté internationale, qui avait la responsabilité de ces camps. Devant l'inertie internationale, le Rwanda et l'Ouganda, alliés dans une coalition, l’AFDL, avec Laurent Désiré Kabila (opposant historique zaïrois de Mobutu et père du président Joseph Kabila) attaquèrent frontalement fin 1996 les camps armés jusqu'aux dents, pour faire revenir au Rwanda les réfugiés littéralement pris en otage et poursuivre les responsables du génocide. Finalement, ne rencontrant aucune résistance zaïroise, ils firent tomber le président Mobutu au cours de cette "première guerre du Congo". Kabila fut mis au pouvoir.
Près de 800 000 Rwandais revinrent au Rwanda par vagues successives de 1996 à 1998, sous la houlette du gouvernement rwandais. Les autres furent poursuivis au Zaïre. Beaucoup moururent, les uns à cause de l'armée du FPR, les autres à cause des conditions de fuites à travers les forêts zaïroises. Un certain nombre se réfugièrent dans d'autres pays de la régions ou demeurèrent au Zaïre/RDC. Les évaluations du nombre de morts varient selon les sources de quelques dizaines de milliers à près de 200 000 morts. Selon le journaliste, Dominic Johnson du quotidien allemand TAZ, membre du Pole Insitute de Goma au Zaïre/RDC et très bon connaisseur de la région, un décompte précis, en se basant sur les chiffres des institutions internationales qui géraient les camps, évalue le nombre des victimes des camps rwandais au maximum à quarante mille. (Voir ci-dessus).
Une rupture entre Kabila et ses alliés provoqua la deuxième guerre du Congo qui engagea directement une dizaine de pays et, en arrière plan à travers ces belligérants apparents, les pays liés aux multinationales assoiffées des matières premières congolaises. Selon des experts démographes européens, envoyés par la CEE au Congo pour aider à la préparation des listes électorales en 2008, ce deuxième conflit provoqua la mort de 183 000 personnes de 1998 à 2004. (Voir ci-dessus). On est donc très loin des chiffres extravagants de 4 millions morts, voire 7 millions de morts selon certains négationnistes du génocide des Tutsi qui tentent ainsi de justifier leur alliance avec les génocidaires.
Le "rapport mapping" de la commission des Droits de l'homme de l'ONU, diffusé à partir de septembre 2010, recense plus de 600 exactions commises au Zaïre/RDC entre 1993 et 2003 et pointe les différents groupes d'auteurs présumés de ces exactions. Pour quelques unes d'entre elles, parmi celles du Rwanda et de son armée, l'APR, dans un chapitre visant ce seul pays contre toute raison si on lit attentivement ce rapport, il s'interroge sur leur caractère génocidaire et souligne aussi les éléments contraires à cette interprétation.
Il est frappant que ce rapport mapping ne prend pas suffisamment en considération le fait que le groupe ethnique visé par le démantèlement des camps, des Hutu, sont visés non pas gratuitement, mais parce qu'ils sont dirigés par le noyau génocidaire Hutu qui continue à faire des massacres sur le territoire rwandais entre 1994 et 1996. Ils ne sont pas visé parce qu'ils sont Hutu, mais parce que ces Hutu se sont regroupés pour exterminer les Tutsi, puis ont fuit au Zaïre. Le rapport Mapping n’envisage pas la nécessité juridique et de police nécessairement militaire d'appliquer la convention sur le génocide de 1948, à cause du génocide des Tutsi, mais uniquement à cause d'un éventuel génocide des Hutu ! La réflexion atteint une crête ici et n'est pas dépassée plus loin dans le rapport :
C'était pourtant bien à l'ONU de faire ce tri parmi les "réfugiés" Hutu qui fuyaient la justice, à commencer par l'opération Turquoise de l'ONU conduite par la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, agissant au titre du chapitre VII de la Charte de l'ONU. L’ampleur du nombre de Hutu compromis dans le génocide parmi ces "réfugiés" les en a probablement dissuadés, puisque l'ONU n'a rien fait de tel de juillet 1994 à fin 1996. Comble de l'hypocrisie du milieu diplomatique, on reproche au Rwanda dans ce rapport de ne pas avoir fait ce tri au préalable sur un territoire étranger ! Mais le rapport Mapping ne reproche pas à la France d'avoir réarmé ces génocidaires, après avoir fermé les yeux sur leurs passages d'armes, dont des missiles anti-aériens d'origine française, selon une information de l'ong Human Right Watch reprise par les députés français en 1998 dans leur rapport.
La convention pour la prévention et la répression du crime de génocide est utilisée unilatéralement dans le rapport mapping contre le "nouveau Rwanda" et au delà, de fait, pour protéger les auteurs du génocides des Tutsi contre les rescapés du génocide des Tutsi, dans la mesure où ces Tutsi trouvent enfin au Rwanda une paix douloureuse après 35 ans de menaces et d'exaction génocidaires et d'une "solution finale" en 1994. Des Congolais se sont aussi montrés complices du génocide des Tutsi. Il y eut aussi des massacres de Tutsi dans l'Est du Congo en 1994 et pas seulement par le fait d'Hutu rwandais (ce qui est faiblement évoqué par le mapping), et la haine actuelle qui s'exprime au Congo en 2020 contre les Tutsi ne relativise pas ce problème d'impunité fruit violent de l'inconséquence de l'ONU.
On aura une perception magistrale de l'histoire récente de la RDC et de l'instrumentalisation de la RDC, comme de l'attentat du 6 avril 1994, dans le négationnisme du génocide des Tutsi en lisant les articles de Jean-François Dupaquier d'avril-juin 2020 :
Les lignes suivantes retracent notre découverte chronologique de cette polémique concernant le rapport Mapping lors de sa publication en 2010, et notre réflexion immédiate à son sujet.
La polémique fut déclenchée par le journal Le Monde, d'abord par une fuite du pré-rapport, fin août 2010, puis par un éditorial le 9 septembre 2010.
A la suite de la fuite une première constatation fut faite dans un premier éditorial de Survie en Alsace : "Les gouvernements clefs" sur l'Afrique des Grands lacsLe 29 septembre 2010, nous avons trouvé et mis en ligne le pré-rapport dans sa version française. Nous n'avions jusque là que la version anglaise. Nous avons dès le lendemain mis en exergue l'ultime conclusion du chapitre le plus controversé sur la qualification de génocide des crimes perpétrés contre des Hutu au Zaïre. Il apparaît que la campagne d'accusation déclenchée par le journal Le Monde et immédiatement relayées par tous ceux qui étaient dans les starting-block pour casser du Rwanda, passe visiblement au-dessus de cette conclusion. On retrouve la même dissonance entre la campagne médiatique et le texte du pré-rapport, qu'entre les annexes du rapport des députés français sur le Rwanda et le résumé médiatique de Paul Quilès en décembre 1998. Bien évidemment nous n'avons pas les moyens d'apprécier l'authenticité des témoignages des 617 violences étudiées. Nous devons les respecter et les prendre tel quel. Nous rappelons cependant que des experts démographes des institutions européennes avaient estimés à 183 000 (cent quatre vingt trois mille) le nombre de victimes du conflit en RDC de 1998 à 2003, alors que certains nous bassinent avec quatre à sept millions millions de victimes et des atrocités que l'on nous présente comme étant toutes de la responsabilité du Rwanda.
Nous savons bien que des Congolais et des Rwandais ont subi et violemment souffert injustement des politiques étatiques et économiques qui présidaient à leurs destins. Notre objet ici n'est pas de nier ces souffrances, mais de critiquer leurs utilisations dans des constructions intellectuelles discutables. C'est la raison de notre révolte contre le traitement de l'information par certaines officines dont le journal Le Monde semble être toujours et encore le cornac.
Nous avons trouvé immédiatement le 1 octobre 2010 la version française du rapport final et nous vous la présentons après notre article du 30 septembre 2010. (les références des notes ont été supprimées dans les citations).
Quand on est avocat ou journaliste on commence par évaluer les faits avec fidélité et objectivité. Voici la conclusion du chapitre sur la qualification de génocide de certains crimes dans le pré-rapport de l'ONU sur la RDC/Zaïre :
Il est à noter que certains éléments pourraient faire hésiter un tribunal à conclure à l’existence d’un plan génocidaire, comme le fait qu’à partir du 15 novembre 1996 plusieurs dizaines de milliers de réfugiés hutu rwandais, dont de nombreux survivants d’attaques précédentes, ont été rapatriés au Rwanda avec le concours des autorités de l’AFDL/APR et que des centaines de milliers de réfugiés hutu rwandais ont pu rentrer au Rwanda avec l’assentiment des autorités rwandaises après le commencement de la première guerre. Si en général les tueries n’ont pas épargné les femmes et les enfants, on notera qu’à certains endroits, au début de la première guerre, des femmes et des enfants hutu ont été effectivement séparés des hommes, qui seuls ont été tués par la suite.
518. Par contre, ni le fait de ne cibler que les hommes dans les massacres ni celui de permettre à une partie du groupe de quitter le pays ou même de faciliter ses déplacements pour différentes raisons ne permettent en soi d’écarter totalement l’intention de certaines personnes de détruire en partie un groupe ethnique comme tel. À cet égard il paraît possible d’inférer l’intention spécifique de certains commandants de l’AFDL/APR de détruire en partie les Hutu en RDC, donc de commettre un crime de génocide, de leur conduite, de leurs propos et des circonstances accablantes des actes de violence commis par les hommes sous leur commandement. Il appartiendra à un tribunal compétent de trancher cette question."
Un génocide relève d'une stratégie d'extermination jusqu'à maintenant toujours liée à un État. A partir du moment où l'on identifie qu'il s'agit d'éléments isolés dans une stratégie globale différente, il parait difficile de parler de génocide des Hutu par l'AFDL/FPR. Il serait de plus utile de discerner ce qui relève de l'APR rwandaise et ce qui relève des autres éléments de l'AFDL.
Quand on est avocat et qu'on se veut impartial pour dénoncer une injustice on doit considérer qu'il n'y a pas "deux poids et deux mesures" dans cette affaire mais trois poids et trois mesures. Car cette affaire des crimes contre l'humanité du FPR au Zaïre est brandie en France pour en cacher une autre plus grave : la complicité profonde et étroite des autorités françaises dans le génocide des Tutsi du Rwanda qui aurait du être portée devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda. Cette complicité de génocide est prioritaire dans la hiérarchie des crimes sur ceux du FPR, de même que la responsabilité française précède le FPR dans la chronologie d'une crise politique et militaire au Zaïre que le FPR a du résoudre par ses propres moyens malgré ses appels à la communauté internationale.
Il est en outre remarquable à ce sujet que ce pré-rapport ne dit absolument rien de cette responsabilité première de la France dans la non-arrestation des génocidaires pendant l'opération Turquoise en 1994. Cette opération française sous chapitre VII de la charte de l'ONU (droit d'utiliser la force pour imposer le droit international) en avait les moyens juridiques et militaires. Pas un mot dans ce rapport sur la France présente au Zaïre/RDC dans cette période étudiée de 1993 à 2003. C'est d'une très grande partialité.
Nous aurons la rédaction finale le 1 octobre 2010 dont nous espérons qu'elle soit plus pointue sur les qualifications des crimes, de telle sorte qu'on ne puisse plus les détourner trop facilement de leur sens comme le fait le journal français Le Monde, notamment dans son éditorial du 9-10 septembre dernier et son article du 31 août 2010 (Voir ci-contre).
ECVoici les modifications de cette conclusion dans le rapport final du 1 octobre 2010. Nous n'avons pas eu matériellement le temps de comparer la totalité des deux rapports, seulement cette conclusion du chapitre le plus controversé. On constate que cette prudence rejoint nos objections quant aux arguments à prendre plus en considération contre cet effort international pour accuser le gouvernement Rwandais d'un hypothétique génocide des Hutu.
Les deux paragraphes 517 et 518 ont été remaniés et 4 paragraphes ont été ajoutés :