- Quelques journalistes de la presse
nationale française commencent à s’intéresser à Laurent
Serubuga
- Rebondissement inattendu le
procureur général se pourvoit en cassation contre la décision
de la Cour d'Appel de Douai refusant son extradition
- Un refus d'extradition motivé par
des considérations de droit commun
- Arrestation le 11 juillet 2013 de
Laurent Serubuga ancien chef d'état-major adjoint des FAR,
"Forces Armées Rwandaises" dans la région de Cambrai à
Escaudoeuvres, dans le Nord - Pas de Calais.
- Le Rwanda demande son extradition.
- Qui est Laurent Serubuga ?
- Une décision de la Cour
européenne des Droits de l'homme, des extraditions opérées
par d'autres pays et des transferts opérés par le TPIR
confirment que la justice rwandaise offre des garanties
suffisantes
- La dimension de la personnalité
de Laurent Serubuga exige une enquête approfondie
- Nous avions appris que Laurent
Serubuga avait déménagé d'un foyer de "jeunes"
travailleurs de Strasbourg (rue Macon) vers le Nord de la
France. Nous apprenons qu'il résidait dans un autre Foyer
de travailleurs, "migrants" cette fois, à
Escaudoeuvres.
Quelques journalistes de la presse
nationale française commencent à s’intéresser à Laurent Serubuga
Du génocide rwandais à Cambrai, le lourd
passé d'un vieux colonel
FranceTVInfo 3 février 2014
Cour de cassation: délibéré au 26 février
2014
CPCR 29 janvier 2014
Rebondissement
inattendu le procureur général se pourvoit en cassation contre
la décision de la Cour d'Appel de Douai refusant son extradition
Extradition d'un ex-colonel rwandais: pourvoi en
cassation du parquet
MaVille Lille/AFP 17 septembre 2013
"Le procureur général,
Olivier de Baynast, considère que les crimes visés par les
autorités rwandaises étaient d'une gravité telle que les règles
du droit commun gouvernant la prescription ne devaient pas
recevoir application", a ajouté le parquet.
Un refus d'extradition motivé par des
considérations de droit commun
Un tribunal
français refuse d'extrader Laurent Serubuga, ex-chef
d'état-major adjoint de l'armée rwandaise
Jeune Afrique 12 septembre 2013
C'est une décision lamentable qui montre l'incompétence de
notre justice pour appréhender ce qui s'est passé au Rwanda.
"Aucune preuve " ! ? Mais qui dirigeait l'armée rwandaise au
moment des massacres des Tutsi Bagogwe à partir de l'année
1991... alors que ce massacre est considéré comme un test des
méthodes génocidaires ? C'était un acte susceptible d'être
considéré comme un acte de planification du génocide... encore
fallait-il laisser la justice rwandaise fonctionner. C'est la
seule justice qui est à même d'instruire une telle affaire !
L'inculture féroce de ceux qui ont pris cette décision est
lamentable. La lâcheté de la communauté internationale dans le
génocide desTutsi continue, sans aucune prise de conscience
des faits et des lâchetés. Ah, bien sûr, nos militaires
français auraient la trouille que leur collaborateur rwandais
soit face à la justice... Quelle partialité bien comprise !
E.C.
Arrestation le 11 juillet 2013 de
Laurent Serubuga ancien chef d'état-major adjoint des FAR,
"Forces Armées Rwandaises" dans la région de Cambrai à
Escaudoeuvres, dans le Nord - Pas de Calais.
Le Rwanda demande son extradition.
Qui est Laurent Serubuga ?
Laurent Serubuga est
un compagnon historique du Président Juvénal Habyarimana, avec qui
il a pris le pouvoir de façon violente et illégale en juillet
1973. Il fut le
Chef-d'état-major adjoint des ex-Forces armées rwandaises, dont
le Président de la République rwandaise était personnellement le
chef d’état-major. Son alter- ego en France était donc à
l'époque le chef d'état major des armées françaises, c'est à
dire à partir du 24 avril 1991 le général Lanxade. Laurent
Serubuga était craint par le Président Habyarimana qui le
considérait comme une menace pour son pouvoir. Il fut "poussé à
la retraite" en 1992. Laurent Serubuga est responsable au
premier chef du massacre des Tutsi Bagogwe à partir de 1991. Selon Gérard Prunier (cité par les
députés français), aussitôt après l'attentat d'avril 1994,
le colonel Bagosora a souhaité le retour de Serubuga qui était
son mentor.
Une décision de la Cour européenne des
Droits de l'homme, des extraditions opérées par d'autres pays et
des transferts opérés par le TPIR confirment que la justice
rwandaise offre des garanties suffisantes
CEDH
: la justice rwandaise offre à présent des garanties suffisantes
Lextimes - information juridiques - 4 novembre 2011
TPIR/transferts
-
le TPIR tourne la longue page des renvois d’affaires
FH 24 juillet 2013
Un rappel intéressant de l'évolution des décisions judiciaires
internationales concernant le Rwanda et qui montre que le Rwanda
est probablement l'un des états africains les plus avancés en
matières de critères judiciaires occidentaux.
Le TPI transfère à Kigali un 2e accusé du
génocide
Jeune Afrique 26 juillet 2013
"[...]"Dans
les dix jours, il doit être présenté aux juges" qui décideront
de sa mise en liberté provisoire ou de son maintien en
détention, a déclaré à l'AFP à l'aéroport Alain Mukuralinda,
porte-parole du procureur général du Rwanda. "On a un
sentiment de satisfaction car cela démontre qu'il y a une
confiance dans la justice rwandaise en général", a-t-il
ajouté.[...]"
Pourtant, selon
un article de RTL du 11 août 2013, l'avocat de
Serubuga continue de répéter la litanie des négationnistes : "Si Laurent Serubuga est
extradé, de graves menaces pèseront envers sa personne en
raison de ses origines hutues", a renchéri Me Massis, qui
juge que "cette extradition ne sera pas conforme aux normes
européennes des droits de l'Homme car le Rwanda ne les
respecte pas."
Il est
intéressant de noter que RTL supprime de
la même dépêche AFP citée par La Voix du Nord le
paragraphe suivant : "Ce que
conteste le CPCR [l'extradition non conforme] : «Des pays nordiques, mais aussi
le Canada et les Etats-Unis ont déjà extradé d’anciens
militaires rwandais. Au Rwanda, ils ne seront pas jugés en
tant que hutus, mais en tant que génocidaires», a assuré M.
Gauthier."
L'article de
France 3 confirme la dépêche publiée par la Voix du Nord
:
Douai
: la cour d'appel donnera mardi [13 août 2013] son avis sur
l'extradition d'un présumé génocidaire rwandais
France 3 Nord Pas de Calais - 11 août 2013
A noter que pour la rédaction de France télévision il s'agirait
d'une information purement régionale ! On mesure le biais déjà
pris par le canal d'information choisi.
La dimension de la personnalité de Laurent Serubuga exige une
enquête approfondie
La justice va devoir aller au-delà
des apparences et enquêter
sérieusement au Rwanda avant toute décision. Le sujet
est trop grave et la personnalité de Serubuga trop suspecte pour
qu'on se contente une fois de plus en France d'un non lieu à la
va-vite. Des
responsables rwandais de l'époque disent qu'il fut le
véritable cerveau du génocide et le mentor du colonel
Bagosora. J'ai entendu moi-même un des principaux membres du
cabinet du premier ministre Agathe Uwilingimana, assassinée le
7 avril 1994, me le dire entre quatre yeux.
Le colonel Laurent Serubuga est
fortement suspecté d'être la cheville ouvrière du massacre des
Bagogwe, avec son collègue de la gendarmerie, massacre considéré
comme un des prémices du génocide et qui s'est déroulé à partir
de janvier 1991 à la suite de la prise de la prison de Ruhengeri
par le FPR.
Il faudrait laisser cette enquête
aux Rwandais car les Français n'y connaissent rien et se perdent
dans les subtilités de la culture rwandaise qui est
fondamentalement une culture orale sur laquelle notre culture
écrite a été enchaînée. Mais notre orgueilleuse culture écrite,
qui s'est pourtant mainte fois fourvoyée dans ses aveuglements
au Rwanda, refuse de reconnaître aux Rwandais le droit de juger
leurs ressortissants. C'est là le véritable scandale des refus
d'extraditions de la justice française dans toutes ces affaires
rwandaises. L'armée française a tout intérêt à noyer le poisson,
comme les autorités françaises l'ont toujours fait en limitant
statutairement les enquêtes du TPIR à la période de 1994, car
elle a été en dialogue quotidien avec Laurent Serubuga, jusqu'à
son limogeage de façon officielle et peut être après.
Le coup d'état du 6 avril 1994, car
c'est bien cette interprétation des faits qui se dessine à
travers l'enquête du juge Trévidic, n'a eu probablement aucun
secret pour cet officier écarté deux ans plus tôt par
Habyarimana qui fut la victime essentielle de cet attentat.
Laisser juger Laurent Serubuga par
la justice française serait comme laisser les Groenlandais juger
le général Salan ! Il doit être extradé au Rwanda car c'est au
Rwanda qu'il est présumé coupable. E.C.
"[...] Un autre témoignage, de l’Ambassadeur de France au Rwanda
devant les députés français en 1998, confirme cette
connaissance [de l'intention de génocide contre les
Tutsi] à la même époque
(l’attaque du FPR du 1er octobre 1990) :
« Le génocide était prévisible
dès cette période, sans toutefois qu’on puisse en imaginer
l’ampleur et l’atrocité. Certains Hutus avaient d’ailleurs eu
l’audace d’y faire allusion. Le
Colonel Serubuga, Chef d’état-major adjoint de l’armée
rwandaise, s’était réjoui de l’attaque du FPR, qui servirait
de justification aux massacres des Tutsis. Le génocide
constituait une hantise quotidienne pour les Tutsis.
Dès le début du mois d’octobre 1990, plusieurs milliers de
personnes ont été emprisonnées à Kigali, la plupart en raison de
leur appartenance à la minorité tutsie. »
Le rapport des députés précise
que le Colonel Serubuga était en relation quotidienne avec le
Lieutenant Colonel Jean-Jacques Maurin :
« Dans le cadre de cette mission
de conseil, le Lieutenant Colonel Jean-Jacques Maurin rencontre
tous les jours le Colonel Serubuga. […]Le fait, d’autre part,
pour le Lieutenant-Colonel Jean-Jacques Maurin, d’accompagner le
Colonel Serubuga dans ses déplacements et de participer à la
définition des opérations tactiques montre bien qu’au-delà d’une
mission consistant à seconder l’attaché de défense dans sa
fonction d’assistance opérationnelle des FAR, existait bien une
mission consistant à “ conseiller discrètement le Chef
d’état-major des FAR pour tout ce qui concerne la conduite des
opérations, mais aussi la préparation et l’entraînement des
forces ”. » "[...]
Nous avions appris que Laurent Serubuga avait déménagé d'un
foyer de "jeunes" travailleurs de Strasbourg (rue Macon) vers le
Nord de la France. Nous apprenons qu'il résidait dans un autre
Foyer de travailleurs, "migrants" cette fois, à
Escaudoeuvres.
Y-a-t-il une filière des Foyers de
travailleurs pour les résidents "à cacher" en France ?
Extrait
du texte de la CEC "Le
chiffon de papier" (page 45)
"
[...]Le directeur de ce foyer
[de la rue Macon à Strasbourg]
m’a stupéfié en m’affirmant avoir été 33 ans au service des
affaires étrangères françaises, dont quelques années au
Rwanda. Il m’a assuré qu’il savait très bien qui était Laurent
Serubuga, qu’il était surveillé par les services français et
qu’il serait refusé par la commission de recours des réfugiés,
ce qui fut confirmé. Dans ce foyer, il était entouré d’une
bande de sept ou huit Rwandais, qui ressemblaient à des gardes
du corps. Mais si eux s’exprimaient entre eux en Kinyarwanda,
lui ne s’exprimait jamais dans sa langue, toujours en
français, y compris à table avec cette bande.[...]
La Voix du Nord du
16 juillet 2013 précise :
"Laurent Serubuga vivait à
Cambrai depuis, dit-on, au moins cinq ans. Il aurait rejoint
le département après un passage à Strasbourg. « Peut-être
qu’il a gagné le Nord parce qu’il a de la famille en Belgique
», suppute son avocat. Toujours est-il que l’homme a vécu
discrètement dans l’arrondissement cambrésien, et a priori «
chichement » : ainsi a-t-il fréquenté les foyers de la
communauté Emmaüs à Fontaine-Notre-Dame, le foyer des
travailleurs migrants à Escaudœuvres, ceux de Cambrai."
On peut aussi
remarquer qu'il s'installe dans des régions proches des
frontières et qu'il a quitté Strasbourg après que les premières
plaintes contre lui aient été classées sans suite. Cela pouvait
être aussi pour disparaître d'une région où il était repéré.