« La France recommandait l'usage des bombes à phosphore contre le FPR », selon un témoin

 

Kigali, 11 déc. (ARI) – Après l'attaque du FPR (Front Patriotique Rwandais) en octobre 1990, la France décida d'incendier le Parc des Virunga  pour que les rebelles du FPR ne s'y cachent pas, mais le Rwanda s'y était opposé en vue de préserver l'environnement, a établi l'Agence Rwandaise d'Information (ARI).

 

C'est ce qui ressort du témoignage d'Isidore Nzeyimana, membre des ex-FAR (Forces Armées Rwandaises, fer de lance du génocide, vaincues en 1994 par le FPR), technicien de l'artillerie lourde,   devant la Commission rwandaise qui enquête sur le rôle présumé de la France dans le génocide de 1994 qui a repris ce lundi ses auditions publiques des témoins.  

 

Brûler le Parc de Virunga fut le premier leitmotiv de l'Opération Tam Tam, une opération secrète menée par la France dans la région de Ruhengeri   au nord du Rwanda aux côtés des ex-FAR alors en guerre contre les rebelles du FPR actuellement au pouvoir, selon Isidore Nzeyimana.

 

Dans son témoignage, Isidore Nzeyimana a dit que les rebelles du FPR pratiquaient les tactiques de la guérilla dans leur lutte armée contre les ex-FAR soutenues par les soldats français. Il s'est avéré impossible de les vaincre dans le Parc de Virunga qu'ils avaient déjà infiltré. Et il était impossible de défricher tout le parc à cause de son étendue, note encore le témoin.

 

Par ailleurs, les Français avaient réalisé qu'il était difficile d'opérer contre le FPR à partir du sommet du Mont Muhabura qui surplombe le Parc de Virunga à cause du froid qui y règne.   «J'ai été personnellement envoyé au sommet du Mont Muhabura muni des couvertures fournies par les soldats Français qui nous encadraient. J'y avais passé quatre jours parce qu'il était difficile de faire davantage à cause du froid. Beaucoup de mes compagnons d'armes qui s'y étaient rendus y avaient laissé leur vie », a notamment déclaré Isidore Nzeyimana.

 

«Au début de l'opération Tam Tam, les Français décidèrent alors de larguer des bombes à phosphore dans le but de faire du Parc de Virunga un désert comme alternative pour mater les rebelles. Les autorités rwandaises de l'époque s'y opposèrent à cause de l'effet nocif de ce type de bombes sur l'environnement », a révélé   Isidore Nzeyimana.

 

Isidore Nzeyimana a parlé de la participation directe des soldats français au combat contre les rebelles du FPR au cours de deux opérations : Tam Tam (Ruhengeri) et Hirondelle (Byumba-Umutara). «Dans chaque groupe de 12 soldats affectés à un engin d'artillerie lourde , il y avait généralement  sept français contre  cinq rwandais. Et le rôle des Rwandais était secondaire, celui de préparer les bombes pour les Français qui tiraient », a-t-il révélé.

 

 

En plus d'avoir appris aux ex-FAR à manier les canons 105, les soldats français ont participé activement aux combats contre les rebelles du FPR à Byumba et Umutara au cours de l'opération Hirondelle.

 

«A la différence des autres pays occidentaux, la France a outrepassé les termes de l'Accord d'Assistance Militaire qui la liait au Rwanda jusqu'à être impliquée dans les opérations contre les rebelles du FPR», a insisté Isidore Nzeyimana. Presque tous les autres pays comme la Belgique, l'Allemagne, la Chine qui avaient des accords d'assistance militaire avec le Rwanda s'étaient retirés au début de la guerre.

 

«La France a récupéré leurs bases et leurs équipements militaires, elle a fait venir des équipements plus performants, elle nous a appris à les manier et ses soldats ont participé directement dans toutes les opérations contre le FPR. Ce qui est particulier pour la France. Des pays comme l'Egypte ou l'Afrique du Sud étaient présents au Rwanda   mais c'était à la recherche des débouchés pour leurs armes», a témoigné   Isidore Nzeyimana.

 

Du 11 au 19 de ce mois, la Commission rwandaise qui enquête sur le rôle présumé de la France dans le génocide entendra des témoins de faits, c'est-à-dire ceux qui déclarent avoir été les acteurs, les victimes et les témoins directs de l'action de l'Etat français avant, pendant et après le génocide. Il s'agit des Rwandais de l'intérieur et de la diaspora parmi lesquels des prisonniers,  ainsi que des étrangers.

 

Le dernier jour des auditions sera consacré à une descente sur terrain, dans les collines de Bisesero.   C'est dans l'ex-Préfecture de Kibuye qui faisait partie de la Zone Humanitaire Sûre mise en place par l'Opération française Turquoise où plus de 50.000 Tutsi ont été exterminés après avoir mené une lutte désespérée contre leurs bourreaux. (Fin).

 

ARI-RNA/ Pol./ D.M/ 11. 12. 06/ 12 : 00 GMT

 

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