"Il est possible que des
mercenaires français, ou autres, aient été mêlés à cet attentat (on a
parlé de Belges ou d’Israéliens), mais je n’en sais rien, et l’on ne
peut donc pas surinterpréter cela." Hubert Védrine
Dans cet article Hubert Védrine continue de poser l'équation politique française de 1994 sans se laisser ébranler par la réalité du génocide annoncé et vérifié depuis. Il lisse les faits et affirme des erreurs et des mensonges au passage. Par exemple, il ne sait toujours pas que c'est le Rwandais Fred Rwigema qui a déclenché l'attaque du Rwanda le 1 octobre 1990 et non Paul Kagame, l'actuel Président du Rwanda, et il essaye de faire passer les Tutsi réfugiés en Ouganda pour des "Tutsis de l'Ouganda" pour planter le décors au début de l'article - Plus grave, il n'a toujours pas lu "Le Chiffon de papier" sur notre site qui montre que la France a saboté le premier accord d'Arusha et il continue de prétendre qu'elle a soutenu ces accords. Il "oublie" aussi que la France a voté la réduction de la MINUAR à 270 observateurs et le retrait de 2230 casques bleus le 21 avril 1994 en plein génocide.
Il prétend qu'il y aurait eu "course de
vitesse entre l'engrenage de l'affrontement et la politique française".
Dans ce cas il plaide l'incompétence car les signaux étaient très forts et
systématiquement relativisés par les responsables français.
Il faut comprendre très probablement les
diverses interventions actuelles des négationnistes de la complicité de la
France dans le génocide des Tutsi dans la perspective du procès de Pierre
Péan qui aura lieu début septembre 2009. La négation de la complicité
française s'articule autour d'un déplacement factuel visant à rendre
responsable du génocide, non pas ceux qui l'ont accompli et leurs
complices, mais celui qui l'a combattu, Paul Kagame. Il s'agit de
"prouver" qu'il serait l'auteur de l'attentat du 6 avril 1994, et qu'il
appartiendrait à une race de menteur. Il aurait donc été honorable de le
combattre. Tout le monde sait pourtant, que, quel que soit l'auteur de
l'attentat, le génocide aurait de toute manière eu lieu, tel qu'il fut
annoncé par Jean Carbonare en janvier 1993 sur Antenne 2 au journal
de Bruno Masure.
Pour ce faire Pierre Péan n'a pas hésité à
employer contre les Tutsi la rhétorique antisémite la plus exécrable :
celle d'Hitler, ce qui fut démontré en première instance par l'ancien
président des étudiants Juifs de France. Il a écrit sur le registre de
Radio des mille collines, principal outil du génocide de 1994 au Rwanda.
Védrine a témoigné pour soutenir Péan en première instance. C'est en
harmonie avec les orientations d' "Une jeunesse française".
Contre toute attente, malgré la position du
procureur, Pierre Péan fut relaxé en première instance de l'accusation
d'incitation à la haine raciale le 7 novembre 2008. Le 9 novembre 2008,
Rose Kabuye, l'une des accusés de Bruguière (accusation déjà présentée par
Péan dans son livre un an avant), fut arrêtée et le 12 novembre, le
principal témoin du juge Bruguière se rétracta complètement.
Rose Kabuye a depuis été relâchée, et donc les fondements de l'accusation Bruguière, Debré, Smith, Onana, Péan contre "Kagame auteur de l'attentat" se sont effondrés. Pierre Péan va donc aborder ce procès d'appel avec l'insolence de façade d'un "blanc menteur", car il ne reste visible de son livre que ses incitations à la haine raciale...
Cet attentat n'a jamais été élucidé alors
que la France détient très probablement depuis le 6 avril 1994 les pièces
à conviction prélevées sur le lieu du crash par l'équipe du
Lieutenant-Colonel Grégoire de Saint-Quentin et par le gendarme Paul
Barril. Paul Kagame peut en être potentiellement l'auteur. Mais les faits
connus désignent plutôt Bagosora et Serubuga and Co, voire des mercenaires
ou militaires français.
L'attitude de la France dans cette affaire
l'accuse nettement. Mais une attitude n'est pas une preuve, elle n'est
qu'un indice. La seule petite avancée de cet article de Politis est là :
Védrine prend acte en sourdine que l'enquête Bruguière ne peut plus être
au centre du débat sur l'attentat et il n'exclut pas que des mercenaires
français aient pu participer à l'attentat. Il qualifie l'enquête Bruguière
par le terme "méthodologique" - A notre avis elle relève effectivement
d'une méthode bien connue : le mensonge et la manipulation ! De la part
d'un magistrat c'est une forfaiture, dont on n'a pas remarqué que la
profession s'en soit alarmée.
Nous étions moins bien introduits que
Védrine dans les sources d'information et nous l'avions pourtant compris
dès le début... Sa bonne foi est donc clairement en cause.