"Il est possible que des mercenaires français, ou autres, aient été mêlés à cet attentat (on a parlé de Belges ou d’Israéliens), mais je n’en sais rien, et l’on ne peut donc pas ­sur­interpréter cela." Hubert Védrine

↪ Politis publie le 9 juillet 2009 un interview d'Hubert Védrine sur le génocide au Rwanda : L'accusation de complicité de génocide est honteuse et débile !" selon Hubert Védrine

Dans cet article Hubert Védrine continue de poser l'équation politique française de 1994 sans se laisser ébranler par la réalité du génocide annoncé et vérifié depuis. Il lisse les faits et affirme des erreurs et des mensonges au passage. Par exemple, il ne sait toujours pas que c'est le Rwandais Fred Rwigema qui a déclenché l'attaque du Rwanda le 1 octobre 1990 et non Paul Kagame, l'actuel Président du Rwanda, et il essaye de faire passer les Tutsi réfugiés en Ouganda pour des "Tutsis de l'Ouganda" pour planter le décors au début de l'article - Plus grave, il n'a toujours pas lu  "Le Chiffon de papier" sur notre site qui montre que la France a saboté le premier accord d'Arusha et il continue de prétendre qu'elle a soutenu ces accords. Il "oublie" aussi que la France a voté la réduction de la MINUAR à 270 observateurs et le retrait de 2230 casques bleus le 21 avril 1994 en plein génocide.

Il prétend qu'il y aurait eu "course de vitesse entre l'engrenage de l'affrontement et la politique française". Dans ce cas il plaide l'incompétence car les signaux étaient très forts et systématiquement relativisés par les responsables français.

Il faut comprendre très probablement les diverses interventions actuelles des négationnistes de la complicité de la France dans le génocide des Tutsi dans la perspective du procès de Pierre Péan qui aura lieu début septembre 2009. La négation de la complicité française s'articule autour d'un déplacement factuel visant à rendre responsable du génocide, non pas ceux qui l'ont accompli et leurs complices, mais celui qui l'a combattu, Paul Kagame. Il s'agit de "prouver" qu'il serait l'auteur de l'attentat du 6 avril 1994, et qu'il appartiendrait à une race de menteur. Il aurait donc été honorable de le combattre. Tout le monde sait pourtant, que, quel que soit l'auteur de l'attentat, le génocide aurait de toute manière eu lieu, tel qu'il fut annoncé par Jean Carbonare en janvier 1993 sur Antenne 2 au journal de Bruno Masure.

Pour ce faire Pierre Péan n'a pas hésité à employer contre les Tutsi la rhétorique antisémite la plus exécrable : celle d'Hitler, ce qui fut démontré en première instance par l'ancien président des étudiants Juifs de France. Il a écrit sur le registre de Radio des mille collines, principal outil du génocide de 1994 au Rwanda. Védrine a témoigné pour soutenir Péan en première instance. C'est en harmonie avec les orientations d' "Une jeunesse française".

Contre toute attente, malgré la position du procureur, Pierre Péan fut relaxé en première instance de l'accusation d'incitation à la haine raciale le 7 novembre 2008. Le 9 novembre 2008, Rose Kabuye, l'une des accusés de Bruguière (accusation déjà présentée par Péan dans son livre un an avant), fut arrêtée et le 12 novembre, le principal témoin du juge Bruguière se rétracta complètement.

Rose Kabuye a depuis été relâchée, et donc les fondements de l'accusation Bruguière, Debré, Smith, Onana, Péan contre "Kagame auteur de l'attentat" se sont effondrés. Pierre Péan va donc aborder ce procès d'appel avec l'insolence de façade d'un "blanc menteur", car il ne reste visible de son livre que ses incitations à la haine raciale...

Cet attentat n'a jamais été élucidé alors que la France détient très probablement depuis le 6 avril 1994 les pièces à conviction prélevées sur le lieu du crash par l'équipe du Lieutenant-Colonel Grégoire de Saint-Quentin et par le gendarme Paul Barril. Paul Kagame peut en être potentiellement l'auteur. Mais les faits connus désignent plutôt Bagosora et Serubuga and Co, voire des mercenaires ou militaires français.

L'attitude de la France dans cette affaire l'accuse nettement. Mais une attitude n'est pas une preuve, elle n'est qu'un indice. La seule petite avancée de cet article de Politis est là : Védrine prend acte en sourdine que l'enquête Bruguière ne peut plus être au centre du débat sur l'attentat et il n'exclut pas que des mercenaires français aient pu participer à l'attentat. Il qualifie l'enquête Bruguière par le terme "méthodologique" - A notre avis elle relève effectivement d'une méthode bien connue : le mensonge et la manipulation ! De la part d'un magistrat c'est une forfaiture, dont on n'a pas remarqué que la profession s'en soit alarmée.

Nous étions moins bien introduits que Védrine dans les sources d'information et nous l'avions pourtant compris dès le début... Sa bonne foi est donc clairement en cause.

E.C.
juillet 2009
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