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Simbikangwa - canard enchainé - Attentat du 6 avril 1994 - présomption de participation de militaires français - Johnston Busingye - Rwanda Vatican - France Cameroun UPC

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Génocide au Rwanda: un non-lieu en France

Le Figaro - 11 janvier 2017

"[...] Les enquêteurs et les juges d'instruction se sont rendus plusieurs fois au Rwanda. Plusieurs témoins ont affirmé que Pierre Tegera avait participé à des campagnes anti-tutsi à Kibilira, jusqu'à lui prêter un rôle dans des massacres avant 1994. Mais les juges relèvent qu'aucun d'entre eux ne peut l'impliquer dans des tueries durant le génocide, selon l'ordonnance dont l'AFP a eu connaissance. Or, la compétence universelle de la justice française sur le génocide ne couvre que l'année 1994."

On voit bien à travers cette compétence temporelle réduite à l'année 1994 instituée dans les statuts du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), et auxquels le dispositif juridique français est soumis par construction,  qu'on ne peut pas juger ce qui ressort des prémices du génocide des Tutsi. Par construction car les lois françaises de 1996 traduisent les dispositions du TPIR pour introduire la compétence universelle de la France dans ces affaires.  Si les membres du conseil de sécurité de l'ONU avaient été honnêtes ils n'auraient mis aucune barrière temporelle à la recherche de la vérité et des responsabilités dans le génocide des Tutsi. D'ailleurs cette compétence temporelle est en quelque sorte "anti-constitutionnelle" par rapport à la notion d'imprescriptibilité des faits qui génèrent un génocide. Il y a là une incohérence juridique qui n'a pas d'autre fin que de protéger des responsables de leurs éventuelles culpabilités dans la préparation du génocide des Tutsi, incohérence que la France a défendue bien évidemment.

La date de 1994 est une date médiatique. Ce n'est pas une date véridique. Le génocide a commencé avant 1994. Il a commencé au plus tard lorsque l'intention de génocide fut exprimée ouvertement par des responsables rwandais à des responsables français, c'est à dire, selon les travaux des députés français, fin 1990. Un génocide commence quand on en exprime clairement l'intention, car c'est là que peut débuter "l'entente en vue de commettre un génocide", et cette entente est constitutive de la qualification d'un génocide. Si cette intention exprimée n'est pas aussitôt dénoncée, combattue et condamnée, l'entente commence.

Le rapport et les auditions des députés français lors de leur mission d'information de 1998 nous informe que le responsable de la gendarmerie rwandaise a expliqué "la question tutsie" en ces termes au chef de la mission militaire de coopération française en décembre 1990 : « Ils sont très peu nombreux nous allons les liquider ». L'ambassadeur de France au Rwanda raconte lui que le responsable des forces armées rwandaises « s’était réjoui de l’attaque du FPR [octobre 1990], qui servirait de justification aux massacres des Tutsis »  Il est clair que c'est fin 1990 que cette entente, au moins tacite, a débuté au Rwanda entre les autorités rwandaises et les autorités françaises, car rien ne montre que cette intention claire a été dénoncée et combattue par les autorités françaises, au contraire.

C'est d'autant plus vrai dans ce pays que dès 1963 (soixante-trois) on a constaté des actes significatifs de génocide contre les Tutsi, concrétisés par plusieurs milliers de morts en quelques jours. En octobre 1990 on a emprisonné dix-mille Tutsi dans tout le Rwanda parce qu'ils étaient Tutsi et dès le début de 1991 des massacres de masse de Tutsi ont commencé contre les Tutsi Bagogwe, puis en 1992 contre les Tutsi du Bugesera, pour ne parler que des massacres les plus saillants.  La date de 1994 n'est qu'une date médiatique car c'est celle qui a frappé les esprits extérieurs au Rwanda. Ce n'est en fait que la date de prise de conscience des pays étrangers de ce qui se passait au Rwanda depuis longtemps et qui a plongé à ce moment en apothéose. Ce fut en quelque sorte le "bouquet final" pour utiliser une image malheureusement odieuse.

Cette période de l'année 1994 retenue fut politiquement une habileté particulièrement malhonnête dans le but de brider le travail des juristes. C'est une disposition négationniste introduite au cœur de la loi à l'ONU. Elle confirme, par cette protection, l'inaction de la communauté internationale contre les prémisses du génocide et la complicité des autorités françaises avec le régime génocidaire.

E.C.

Xavier Renou : La France coupable de génocide au Rwanda !

YouTube- 6 janvier 2017


Une vidéo très incisive à laquelle les officiels français ne manqueront de faire remarquer tous leurs alibis habituels non pris en compte, comme le camp de Nyarushishi, la catastrophe humanitaire du choléra au Zaïre, voire, ils n'ont pas encore osé le faire, les désobéissances salutaires de certains militaires et apparemment non sanctionnées par l'armée.

Le titre laisse penser, sans réflexion, que la France a voulu le génocide. Alors que dans le discours de Xavier Renou il semble qu'il s'agisse essentiellement de complicité active. Ce qu'on ne comprend pas bien en France, c'est que, même dans un crime d'état, ici de l'état rwandais de 1959 à 1994, la complicité fait partie du crime et que dire la France est coupable n'implique pas qu'elle soit auteur exclusivement, mais auteur ou complice. Ce qu'on ne comprend pas bien non plus en France, c'est que, même dans crime d'état, ce sont des personnes qui au nom de l'état sont présumées impliquées dans ce crime d'état... protégées par la trop souvent désastreuse raison d'état. Depuis 1993, Survie dénonce cette implication, depuis 1994 Survie dénonce cette complicité, depuis 2004 la Commission d'enquête citoyenne a pris conscience que cette complicité avait des volets très actifs dès 1990. Si, probablement en pesant de son droit de veto au conseil de sécurité, la France a obtenu que le TPIR ne juge que les actes commis dans l'année 1994, c'est très certainement pour se soustraire à la justice internationale sur la période préparatoire du génocide.

Mais en France, pays des Droits de l'homme, aucun procureur ne devrait tolérer que des personnes impliquées dans ces crimes et leur préparation, par leur simple présence, leur rôle, leurs déclarations qui ressemblent parfois à s'y méprendre à celles des génocidaires eux-mêmes, leurs initiatives, leur proximité avec les auteurs ou des complices incontestables et parfois même par ailleurs condamnés pour cela et dont une partie de ces faits fut "mappée" par les députés français, ne soient pas mises en examen afin de déterminer si elles sont coupables ou non coupables. Cette inaction aggrave.

Au lieu de cela on préfère botter en touche et procéder à des accusations de diffamation contre ceux qui soutiennent que le pays des Droits de l'homme ne prend pas ses responsabilités. Nous sommes des lanceurs d'alerte !

8 janvier 2017 E.C.

General Didier Tauzin Rwanda officiers français mis en cause (video)

nos-medias.fr - 1 janvier 2017

Il aura fallu attendre deux mois à notre connaissance pour qu'un des militaires français mis en cause par les démarches judiciaires récentes du Rwanda s'exprime à ce sujet. Cet "interview" est intéressant car il montre bien comment ce militaire essaye d'enfermer la problématique de "la complicité de génocide", sans jamais l'évoquer, dans un cadre balisé à dessein avec des distorsions importantes des faits historiques; On relève notamment :

  • Faire croire qu'on accuse essentiellement la France d'avoir voulu le génocide, alors qu'il s'agit essentiellement d'accusation de complicité dans le génocide à priori, selon notre communiqué du 19 décembre 2005. Le Rwanda est moins précis en disant dans son communiqué en Français "auteur ou complice". Ce devrait être à la justice de trancher. Depuis que l'on sait qu'Hubert Védrine a évoqué la possibilité que des mercenaires français aient participé à l'attentat "déclencheur du génocide", que le journal Le Canard enchaîné a évoqué récemment des notes militaires françaises qui l’attesteraient, la question que des Français soient "auteurs" du génocide reste à examiner.
  • Limiter le génocide à la période de 1994, comme la France l'a imposé à l'ONU lors de la création du Tribunal pénal international pour le Rwanda le 8 novembre 1994... Voir par exemple l'article du journal Le Monde de 1964 en photo ci-dessous qui montre la très vieille antériorité de cette entreprise génocidaire, dont l'apothéose eut effectivement lieu en 1994
  • Accuser le FPR d'être le premier responsable du génocide, alors que c'est la seule force militaire qui l'a combattu
  • Accuser les américains d'être les plus intéressés économiquement, en reconnaissant que des entreprises françaises avaient le même intérêt, mais sans reconnaître que l'Etat français pouvait en conséquence conduire une stratégie tout aussi désastreuse que celle des USA, avec le fait aggravant d'être sur place en position d’autorité. De nombreuses notes du général Quesnot à François Mitterrand montrent que l’argument de la concurrence avec les pays anglo-saxon était au cœur de leur problématique.
  • Dire que la responsabilité de la France est involontaire, alors que les auditions devant nos députés et de nombreux documents officiels montrent que les autorités françaises connaissaient l'intention génocidaire du régime Habyrimana contre les Tutsi depuis 1990 de façon très claire, y compris en nombre possible de victimes... et qu'elles ont continué de soutenir ce régime, y compris pendant le génocide en aidant à la constitution du gouvernement génocidaire et en plus en continuant de lui livrer des armes et des équipements militaires selon plusieurs éléments de preuve ou aveux plus ou moins partiels de responsables français.
  • Affirmer qu'un journaliste français est un traître parce qu'il avait une "maîtresse Tutsi", reprenant ainsi à son compte l'un des 10 commandements du Hutu qui ont servi à "moraliser" le génocide pour manipuler la population rwandaise. On remarquera aussi la bassesse de cet argument.
  • Des contradictions ... les accusations contre la France datent de 1994.... mais c'est depuis le rapport Mucyo en 2008 que ces accusations seraient apparues en réponse au juge Bruguière ... Il ne pourrait pas être coupable puisque la France l'a fait monter en grade .... précisément c'est troublant dans ce contexte où c'est selon lui le système désastreux des partis qui règne ... avec des politiques qui ne sauraient pas ce qu'est l'honneur, avec des accusations d'abandon des militaires par l'Etat français. "Nous aurions pu arrêter le génocide"... peut-être mais cela n'a pas été fait. Et pourquoi le pouvoir français a renforcé de 1990 à 1993 ce régime qui préparait un génocide de façon notoire, raison pour laquelle ce militaire fut envoyé au Rwanda et où il revendique d'avoir été lui-même au front contre le FPR ?
  • etc ...

Ce militaire de second plan, puisqu'il n'était pas un décideur - on le voit bien à travers ce qu'il évoque, exprime très bien le désarroi des militaires français dans cette affaire où les politiques français refusent d'endosser des décisions qu'ils ont prises ... selon les informations transmises par les militaires... en osmose avec celles de leurs homologues rwandais accusés de génocide.

C'est tout le système de commandement et de renseignement français, sur la période 1990 1995, qui est en cause.


E.C. 3 janvier 2016


Journal Le Monde du 4 février 1964

Le livre de Jacques Morel Jacques-Morel-La-France-au-coeur-du-genocide-des-Tutsi
" La France au coeur du génocide des Tutsi"
Présenté le 7 avril 2010
Izuba édition - L'Esprit frappeur
1500 pages... un volume et une qualité d'information exceptionnels
Infos France Rwanda dans les moteurs de recherche
En anglais
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