Le livre de Jacques Morel
"
La France au coeur du génocide des Tutsi"
Présenté le 7 avril 2010 - Izuba édition -
L'Esprit frappeur
1500 pages... un volume et une qualité d'information exceptionnels
Trois docteurs Rwandais en France
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Pour mémoire, les juges Marc Trévidic et Nathalie Pous devraient rendre leurs
conclusions dans l'enquête sur l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda avant mars 2011. Mais la révolte des magistrats a du retarder
le
travail de Marc
Trévidic. il est probable dans ce cas que cela
retarde aussi la visite de Kagame en France, dont l'opposition
franco-rwandaise affirme que c'est à cause de la crainte d'un coup
d'état au Rwanda de dissidents Tutsi.
Etre digne des Droits de l'Homme ?
La venue annoncée du Président
du Rwanda en France, au mois de mars, suscite une rhétorique astucieuse
qui repose sur un double axiome mensonger : Le Rwanda aurait été en paix
jusqu'en 1990, lorsque les exilés Tutsi ont forcé le passage pour
rentrer dans leur pays et la politique de la France serait un modèle de respect des Droits de l'Homme.
Rien
n'est plus faux, puisque depuis 1959, par une violence
étatique constante, la population du Rwanda était amputée d'une partie
importante de sa population Tutsi. Ces exilés souhaitaient
à bon droit revenir au Rwanda. Le
régime du "modèle de développement rwandais" s'y est toujours
farouchement opposé jusqu'en 1990. Le Général de Gaulle fut de fait
interdit de rentrer en France par Pétain. Il rentra avec l'armée des
alliés, les Américains et les Anglais essentiellement, par la force en 1944.
La
seule arme qu'on ait opposé à ce désir légitime des exilés de revenir
au Rwanda fut un génocide, qui fut préparé et réalisé de 1990 à 1994
sous l'assistance respiratoire de la France. Ce recours à la stratégie
du génocide ne date pas de 1994. En décembre 1963 déjà on avait parlé
"d'un petit génocide" qui préfigurait celui de 1994. Le Monde du 4
février 1964 titra sur trois colonnes : "L'extermination des Tutsis - Les massacres du Ruanda sont
la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue". En 1973 eut lieu
un coup d'état, entre Hutu et hors de toute participation des Tutsi et alors même qu'on venait encore
de
chasser quelques mois plus tôt plusieurs dizaines de milliers de Tutsi
du Rwanda. Des témoignages de Rwandais commencent à montrer la réalité
de ce que vivaient les Tutsi de l'intérieur du Rwanda avant le
génocide.
Peut-on
donc parler de modèle de développement, pour le Rwanda d'avant 1990,
alors qu'on était déjà de toute évidence dans un contexte d'apartheid
violent ? Cette rhétorique franco-française est donc d'une très grande partialité,
sous-couvert d'un discours qui se veut objectif. Le but est clair :
absoudre la France de sa complicité dans le génocide des Tutsi au
Rwanda. C'est d'ailleurs admis dans certains de ces textes qui
circulent sur internet.
Ceux
qui considèrent que par
respect des droits de l'homme il faudrait interdire le territoire
français à des chefs de guerre qui ont combattu l'occident seraient
pertinents sous un certain angle... à condition que les responsables
occidentaux soient vraiment respectueux des droits de l'homme. Non
seulement ce n'est manifestement pas le cas, notamment en ce qui
concerne la France, mais en plus, si on regarde les choses de plus
près, en ôtant les lunettes de notre propre propagande, on est obligé
de reconnaitre que notre pays a écumé l'Afrique depuis soixante ans,
sans parler de la période coloniale, en
y faisant régner la loi de la terreur avec son armée... qui pour une
seconde fois, après le Vietnam et Dien Bien Phu, a du s'incliner,
précisément au Rwanda devant l'armée de Kagame, un noir, un Africain !
C'est la raison principale, la honte de la défaite militaire contre des
êtres jugés inférieurs en humanité par la diplomatie française, qui
fait
que les morts dont Kagame est responsable
seraient plus graves, pour nos "patriotes", que ceux dont la France est
responsable. Les militaires français, et leurs fans politiques comme
Bernard
Debré ou Jacques Myard, deux "pointures" de cette exceptionnelle
mauvaise foi, sont très mauvais perdants. Au Rwanda la France a soutenu
un génocide, et Paul Kagame a combattu ce génocide et la France. Sous
cet angle, c'est plutôt Kagame qui devrait être conseillé de ne
pas venir en France... pour dénoncer les crimes de la cinquième
République française, en Asie et en Afrique en général
et au Rwanda en particulier.
La lecture de quelques gros ouvrages sérieux ne vous permettra pas de résister sur cette ligne de la partialité
française. "La Françafrique" et "Noir silence" de
François-Xavier Verschave, "Kamerun ! - Une guerre cachée aux origines de la Françafrique ", livre
récent, de Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa, "une guerre noire" de Gabriel Periès et
David Servenay et "La France au coeur du génocide des Tutsi"
de Jacques Morel sont autant de rochers, parmi d'autres de qualité
également (Linda Melvern, Colette Braeckman, Alison Des Forges, Gérard
Prunier, etc.), lancés dans la mare nauséabonde du Canard enchainé.
L'actualité
des dernières années
n'a pas démenti ce passé français puisqu'en novembre 2004 la France,
"pays en paix" et sans doute "modèle de développement", a encore tiré
sur une foule de civils en Côte d'Ivoire, non armée et seulement
rassemblée sur une place, comme les Tunisiens et les Egyptiens
récemment, pour manifester contre une tentative de coup d'état de la
France de Jacques Chirac en Côte d'Ivoire. Soixante morts et plus de
mille blessés en deux jours selon la Fédération Internationale des
Droits de l'Homme. C'est le savoir-faire français que MAM proposa
récemment à Ben Ali pour mater la révolution tunisienne. Rien que pour
cet odieux crime de masse, contraire
aux droits de l'homme, aucun état ne devrait recevoir le président de
la République française, tant que la justice internationale ne se sera
pas prononcée... Mais la justice internationale est interdite
d'enquêter sur les crimes de la France, des USA, de la Russie, du
Royaume Uni et de la Chine - les cinq membres permanents du "Conseil de
sécurité" de l'ONU. Scandaleux et lancinant ! Nous les occidentaux nous
devrions faire comme les Tunisiens et les Egyptiens, avant qu'ils ne
deviennent plus démocrates que nous.
En attendant, pour ce qui
concerne, Paul Kagame, La France, et l'après génocide des Tutsi, je
vous laisse lire notre autre page sur cette période :
Vous verrez ainsi comment, avec la propagande française et le
détournement de rapports d'enquêtes de l'ONU, on peut aisément passer sur la même
période en un même lieu, de 183 000 morts pour des
experts démographes européens à l'extravagance de 4 millions de
morts, dont précisément Paul Kagame serait en plus le seul
responsable.
Cela rappelle, dans le registre de la propagande occidentale, l'épisode de la manipulation des médias dans l'affaire des charniers de Timisoara en Roumanie,
ou les mensonges des administrations US et anglaise à propos des
préparatifs de guerre de Sadam Hussein, dénoncés, dans le concert des
nations, par la quasi unique voix de la France qui pour une fois avait
retrouvé le fil de son inspiration citoyenne. Tout semble bon pour
surjustifier
une guerre.
E.C. 16 février 2011
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