1 février 2011 et jours suivants-2011-Ed17

Nouvelles France Rwanda

Informations et commentaires

Le livre de Jacques Morel Jacques-Morel-La-France-au-coeur-du-genocide-des-Tutsi
" La France au coeur du génocide des Tutsi"
Présenté le 7 avril 2010 - Izuba édition - L'Esprit frappeur
1500 pages... un volume et une qualité d'information exceptionnels
Agathe Habyarimana interpellée en France à la demande de Kigali : voir notre dossier
2 mars 2010 et suites ... 16 mars un article de Jeune Afrique
Trois docteurs Rwandais en France
Page spéciale CEC
Page spéciale CEC
Page spéciale CEC
Page spéciale CEC
Pour mémoire, les juges Marc Trévidic et Nathalie Pous devraient rendre leurs conclusions dans l'enquête sur l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda avant mars 2011. Mais la révolte des magistrats a du retarder le travail de Marc Trévidic. il est probable dans ce cas que cela retarde aussi la visite de Kagame en France, dont l'opposition franco-rwandaise affirme que c'est à cause de la crainte d'un coup d'état au Rwanda de dissidents Tutsi.

Etre digne des Droits de l'Homme ?

La venue annoncée du Président du Rwanda en France, au mois de mars, suscite une rhétorique astucieuse qui repose sur un double axiome mensonger : Le Rwanda aurait été en paix jusqu'en 1990, lorsque les exilés Tutsi ont forcé le passage pour rentrer dans leur pays et la politique  de la France serait un modèle de respect des Droits de l'Homme.

Rien n'est plus faux, puisque depuis 1959, par une violence étatique constante, la population du Rwanda était amputée d'une partie importante de sa population Tutsi. Ces exilés souhaitaient à bon droit revenir au Rwanda. Le régime du "modèle de développement rwandais" s'y est toujours farouchement opposé jusqu'en 1990. Le Général de Gaulle fut de fait interdit de rentrer en France par Pétain. Il rentra avec l'armée des alliés, les Américains et les Anglais essentiellement, par la force en 1944.
La seule arme qu'on ait opposé à ce désir légitime des exilés de revenir au Rwanda fut un génocide, qui fut préparé et réalisé de 1990 à 1994 sous l'assistance respiratoire de la France. Ce recours à la stratégie du génocide ne date pas de 1994. En décembre 1963 déjà on avait parlé "d'un petit génocide" qui préfigurait celui de 1994. Le Monde du 4 février 1964 titra sur trois colonnes : "L'extermination des Tutsis - Les massacres du Ruanda sont la manifestation d'une haine raciale soigneusement entretenue".  En 1973 eut lieu un coup d'état, entre Hutu et hors de toute participation des Tutsi  et alors même qu'on venait encore de chasser quelques mois plus tôt plusieurs dizaines de milliers de Tutsi du Rwanda. Des témoignages de Rwandais commencent à montrer la réalité de ce que vivaient les Tutsi de l'intérieur du Rwanda avant le génocide.
Peut-on donc parler de modèle de développement, pour le Rwanda d'avant 1990, alors qu'on était déjà de toute évidence dans un contexte d'apartheid violent ? Cette rhétorique franco-française est donc d'une très grande partialité, sous-couvert d'un discours qui se veut objectif. Le but est clair : absoudre la France de sa complicité dans le génocide des Tutsi au Rwanda. C'est d'ailleurs admis dans certains de ces textes qui circulent sur internet.
Ceux qui considèrent que par respect des droits de l'homme il faudrait interdire le territoire français à des chefs de guerre qui ont combattu l'occident seraient pertinents sous un certain angle... à condition que les responsables occidentaux soient vraiment respectueux des droits de l'homme. Non seulement ce n'est manifestement pas le cas, notamment en ce qui concerne la France, mais en plus, si on regarde les choses de plus près, en ôtant les lunettes de notre propre propagande, on est obligé de reconnaitre que notre pays a écumé l'Afrique depuis soixante ans, sans parler de la période coloniale, en y faisant régner la loi de la terreur avec son armée... qui pour une seconde fois, après le Vietnam et Dien Bien Phu, a du s'incliner, précisément au Rwanda devant l'armée de Kagame, un noir, un Africain ! C'est la raison principale, la honte de la défaite militaire contre des êtres jugés inférieurs en humanité par la diplomatie française, qui fait que les morts dont Kagame est responsable seraient plus graves, pour nos "patriotes", que ceux dont la France est responsable. Les militaires français, et leurs fans politiques comme Bernard Debré ou Jacques Myard, deux "pointures" de cette exceptionnelle mauvaise foi, sont très mauvais perdants. Au Rwanda la France a soutenu un génocide, et Paul Kagame a combattu ce génocide et la France. Sous cet angle, c'est plutôt Kagame qui devrait être  conseillé de ne pas venir en France... pour dénoncer les crimes de la cinquième République française, en Asie et en Afrique en général et au Rwanda en particulier.
La lecture de quelques gros ouvrages sérieux ne vous permettra pas de résister sur cette ligne de la partialité française. "La Françafrique" et "Noir silence" de François-Xavier Verschave, "Kamerun ! - Une guerre cachée aux origines de la Françafrique ", livre récent, de Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsitsa, "une guerre noire" de Gabriel Periès et David Servenay et "La France au coeur du génocide des Tutsi" de Jacques Morel sont autant de rochers, parmi d'autres de qualité également (Linda Melvern, Colette Braeckman, Alison Des Forges, Gérard Prunier, etc.), lancés dans la mare nauséabonde du Canard enchainé.
L'actualité des dernières années n'a pas démenti ce passé français puisqu'en novembre 2004 la France, "pays en paix" et sans doute "modèle de développement", a encore tiré sur une foule de civils en Côte d'Ivoire, non armée et seulement rassemblée sur une place, comme les Tunisiens et les Egyptiens récemment, pour manifester contre une tentative de coup d'état de la France de Jacques Chirac en Côte d'Ivoire. Soixante morts et plus de mille blessés en deux jours selon la Fédération Internationale des Droits de l'Homme. C'est le savoir-faire français que MAM proposa récemment à Ben Ali pour mater la révolution tunisienne. Rien que pour cet odieux crime de masse, contraire aux droits de l'homme, aucun état ne devrait recevoir le président de la République française, tant que la justice internationale ne se sera pas prononcée... Mais la justice internationale est interdite d'enquêter sur les crimes de la France, des USA, de la Russie, du Royaume Uni et de la Chine - les cinq membres permanents du "Conseil de sécurité" de l'ONU. Scandaleux et lancinant ! Nous les occidentaux nous devrions faire comme les Tunisiens et les Egyptiens, avant qu'ils ne deviennent plus démocrates que nous.
En attendant, pour ce qui concerne, Paul Kagame, La France, et l'après génocide des Tutsi, je vous laisse lire notre autre page sur cette période :
Le journal Le Monde et le Rwanda
Vous verrez ainsi comment, avec la propagande française et le détournement de rapports d'enquêtes de l'ONU, on peut aisément passer sur la même période en un même lieu, de 183 000 morts pour des experts démographes européens à l'extravagance de 4 millions de morts,  dont précisément Paul Kagame serait en plus le seul responsable.
Cela rappelle, dans le registre de la propagande occidentale, l'épisode de la manipulation des médias dans l'affaire des charniers de Timisoara en Roumanie, ou les mensonges des administrations US et anglaise à propos des préparatifs de guerre de Sadam Hussein, dénoncés, dans le concert des nations, par la quasi unique voix de la France qui pour une fois avait retrouvé le fil de son inspiration citoyenne. Tout semble bon pour surjustifier une guerre.

E.C. 16 février 2011

Notre page actualité du 1 janvier 2011 et jours suivants - 2011-Ed16
Mbarushimana - Annick Perrine - Relations France Rwanda - Procès en Allemagne d'un génocidaire - Institut français à Kigali
Relations France Rwanda
dans les moteurs de recherche
Revoir les informations antérieures et nos rubriques d'archives

^ Haut de la page